Cela fait des années que le dossier du nucléaire se discute entre l'Iran d'une part, et d'autre part le groupe des 5+1 : Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne. Pourquoi cette soudaine multiplication d'entretiens séparés entre la République islamique et ses différents interlocuteurs ? Pour l'Iran et les Etats-Unis, le message est fort : les deux puissances poursuivent leur rapprochement, qui a franchi une étape à l'automne dernier avec la conversation téléphonique historique entre les présidents iranien et américain, MM. Rohani et Obama.
Dans la foulée, on avait appris que Téhéran et Washington avaient tenu des négociations secrètes à Oman ces dernières années. Puis, cette semaine, les deux pays ont donc discuté officiellement. « Au moins, ça n'était pas une négociation secrète », commente un diplomate français. Il faut dire qu'à Paris, on n'avait pas apprécié de voir, à l'automne dernier, le dialogue sur le nucléaire s'orienter vers un tête-à-tête américano-iranien.
La rencontre France-Iran de ce mercredi et les autres réunions bilatérales de la semaine précèdent la réunion du 16 juin, où chacun reprendra sa place dans le format habituel. Il reste quarante jours avant la date-butoir du 20 juillet, même si les négociations peuvent être prolongées de six mois au cas où aucun accord ne serait trouvé à cette date.
■ A Washington, l'hostilité des parlementaires perdure
Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio
Si, d’après les diplomates à Genève, les deux jours de rencontres bilatérales Etats-Unis/Iran se sont bien passés, à Washington le climat au Congrès est beaucoup plus froid. Lors d'une audition de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, consacrée au nucléaire iranien, les élus démocrates et républicains ont eu l’occasion d’exprimer leur forte hostilité à tout accord avec Téhéran.
Les élus de la Chambre des représentants n’ont pas eu de mots assez forts pour exprimer leur défiance à l’idée d’un accord avec l’Iran sur son programme nucléaire. A l'instar d'Ed Royce, président républicain de la commission, pour qui « nombreux dans ce comité sont très troublés par l’administration Obama, qui nous met sur la voie d’un accord par lequel l’Iran va demeurer une menace nucléaire permanente pour la région, et pour nous. La réunion d’aujourd’hui est le dernier avertissement contre cette mauvaise stratégie. »
Lorsque l’ambassadeur de Trani, spécialiste de ces questions, avance l’argument de l’administration Obama - les sanctions peuvent être réactivées si Téhéran ne se conforme pas à ses obligations -, il ne convainc pas le démocrate Brad Sherman, qui rétorque : « Il est plus facile de réactiver une centrifugeuse que de mettre en place des sanctions internationales. »
Conclusion de cette matinée d’audition : les représentants utiliseront tous les moyens à leur disposition pour obtenir de multiples garanties en cas d’accord sur le nucléaire iranien, et l’administration Obama aura toutes les peines du monde à rassurer des élus aujourd’hui très hostiles.