Avec notre correspondant à Washington,Anne-Marie Capomaccio
Officiellement, ce sont les premières négociations bilatérales entre Washington et Téhéran, mais la presse américaine a révélé voilà plusieurs mois que des contacts réguliers ont eu lieu à Oman jusqu’en 2012. On peut donc considérer la rencontre de Genève comme la reprise de ce processus.
Toutes les parties impliquées dans les discussions sur le nucléaire iranien insistent par ailleurs pour expliquer qu’il ne s’agit pas de négociations parallèles, et que cette bilatérale Iran/Etats-Unis aura lieu en présence d’une proche collaboratrice de Catherine Ashton, représentant l’Union européenne.
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Certains experts estiment que Washington va tenter de débloquer un dialogue qui s’enlise. La première date butoir de ce processus est le 20 juillet, mais avec la possibilité de prolonger de six mois. L’urgence n’est donc pas prouvée, sauf si l’administration Obama est pressée par le temps.
En matière de politique intérieure en effet, la prolongation ne permettrait pas au président des Etats-Unis de mettre ce succès diplomatique à son bilan avant les élections de mi-mandat, alors que les démocrates, qui ne tiennent pas la chambre des représentants, risquent de perdre le Sénat.
■ La fin du cadre multilatéral ?
Cette réunion bilatérale est complémentaire, affirme le gouvernement américain. Elle n'a pas vocation à remplacer les négociations avec le groupe 5+1, mais à les relancer. Côté iranien, on insiste également sur l'importance d'une rencontre à deux dans un moment où les discussions sont entrées dans une « phase sérieuse ».
C'est le sous-secrétaire d'Etat, William Burns, qui dirigera la délégation américaine. Lors des fameuses rencontres secrètes avec des représentants iraniens à Oman, en vue d'ouvrir un dialogue officiel, il a su gagner la confiance de Téhéran. Mais il y a encore une autre raison qui explique le choix des Américains et des Iraniens à s'afficher officiellement côte à côte : dans les deux pays, les négociations sont contestées en interne par une partie de l'opposition et de l'opinion publique.
Il s'agit donc de sortir du cadre secret pour montrer que l'on est prêt à faire le maximum pour régler la question du nucléaire iranien par la voie diplomatique. Il ne faut pas oublier que les deux présidents, Barack Obama et Hassan Rohani, avaient promis au cours de leurs campagnes électorales d’œuvrer à un rapprochement avec l’autre pays.