Syrie: veille d'élections dans un pays anéanti

La Syrie est à la veille d’une élection présidentielle jouée d'avance. Pendant ce temps, la guerre et les bombardements massifs se poursuivent. Dans les zones contrôlées par les autorités syriennes, les habitants ont d’autres préoccupations que d'aller voter. C’est le cas dans la vieille ville de Homs, récemment évacuée par les rebelles. Aujourd’hui, les habitants reviennent dans leurs quartiers et retrouvent leurs domiciles dévastés par la guerre.

Seuls les Syriens vivant dans les zones contrôlés par le gouvernement vont pouvoir voter. Ils représentent 60% de la population. RFI a contacté un habitant d’Alep-ouest qui se prépare à voter ce mardi. Il s’appelle Samir, son nom n’est pas donné pour des raisons de sécurité, et ses faveurs vont à Bachar el-Assad.

« Concernant la situation à Alep, il faut savoir que la ville est coupée en deux. La partie Est est contrôlée par les terroristes mais plus personne n’habite dans cette partie-là. Les terroristes ont fait beaucoup de mal à la population, alors les habitants d’Alep-est ont fui et sont venus se réfugiés à Alep-ouest. Aujourd’hui, avec les déplacés, il y a deux fois plus de gens qui vivent de ce côté-là de la ville. Et tous ces gens vont pouvoir voter.

Il est clair que la majorité d’entre eux vont reconduire le président Bachar el-Assad. La raison est simple : après trois ans et trois mois de guerre et d’attaques terroristes contre la Syrie, le peuple syrien a fini par avoir la conviction que seul Bachar el-Assad peut rétablir l’union nationale. »

La ville de Homs, qui était il y a trois semaines encore le bastion des rebelles, est aujourd'hui dévastée. Les insurgés ont fini par plier et obtenir le droit d'évacuer, de quitter la localité.

Impossible d'y revivre

Bassem est revenu chez lui il y a deux semaines, près de deux ans après avoir fui sa maison. Sa fille, blessée par un éclat d’obus, est restée à Tartous, sur la côte, avec le reste de sa famille. Lui est revenu pour évaluer les dégâts et tenter de reconstruire.

« Voilà tout ce qu’il reste de ma maison, constate-il. Tout ce qu’on voit, ce sont des saletés, des vêtements jetés par terre. Là, dans ma cuisine, ils faisaient du feu pour se chauffer et pour cuisiner. Et là, ce sont tous les gravats que j’ai pu sortir. Ce sont des terroristes qui ont fait ça. Des gens qui n’ont rien d’humain. »

Vitres éclatées, immeubles détruits, la vieille ville de Homs est totalement dévastée. Dans les ruines, certains tentent de récupérer leurs affaires. Mustafa repart de son ancien immeuble, avec deux sacs en plastique. C'est tout ce qu’il a pu sortir des décombres. « Je ramène ce que j’ai trouvé, explique Mustafa, des vêtements, des choses sans valeurs. Le reste ? Détruit. Je reviendrai à Homs, quand il y aura de l’électricité parce que maintenant les infrastructures sont complètement détruites, et il va falloir du temps pour reconstruire ! »

Avant de repartir, Mustafa précise qu’il ira voter ce mardi. Il votera pour Bachar el-Assad. Après tout, conclut-il, « c’est grâce à lui que nous avons pu retrouver notre quartier », même si du fait de l’ampleur des destructions, il est impossible d’y vivre.


L’ONU veut imposer le passage des convois humanitaires

Avec notre correspondant à New York, Karim Lebhour

Pour le moment, l’aide internationale doit forcément obtenir le feu vert de Damas pour parvenir aux populations - des centaines de milliers de personnes démunies. Une résolution du Conseil de sécurité doit permettre de se passer de cet accord pour accéder aux zones rebelles.

L’ONU se refuse à un passage en force en raison du principe de souveraineté. Conséquence : 90% de l’aide de l’ONU va dans les zones contrôlées par le gouvernement syrien.

Le Luxembourg et l’Australie proposent d’autoriser les convois de l’ONU à franchir quatre points de passage depuis la Turquie, la Jordanie et l’Irak.

Les négociations sont en cours et le texte sera mis au vote cette semaine devant le Conseil de sécurité. La Russie opposera-t-elle son veto ? Les négociateurs disent sentir de sérieuses réticences de la part de Moscou. La Russie avait voté une résolution demandant un meilleur accès humanitaire en Syrie en février dernier, mais il n’y avait aucune mesure coercitive ni aucune obligation pour Damas.

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