L’Iran, son nucléaire et les Six: reprise des négociations à Vienne

Les négociations reprennent ce mardi à Vienne. On entre dans une nouvelle phase puisqu’il s’agit de commencer la rédaction d’un accord définitif entre la République islamique et les six puissances qui négocient avec Téhéran dans ce dossier : Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne.

Conformément à l’accord intérimaire conclu en novembre dernier à Genève, l’Iran a stoppé certaines de ses activités nucléaires. En échange, une partie des sanctions internationales a été suspendue.

Pour que l’ensemble des sanctions soient levées, il faut désormais que Téhéran et ses interlocuteurs s’entendent sur des points extrêmement précis et sensibles concernant le programme nucléaire de l’Iran : quel taux d’enrichissement d’uranium acceptable par tous ? Combien de centrifugeuses, ces machines qui servent à enrichir le combustible ? Que vont devenir les sites nucléaires iraniens de Fordo et d’Arak ? Quelles garanties de surveillance et de transparence pour que la communauté internationales soit rassurée sur les intentions de la République islamique ? Enfin, l’Iran va-t-il fournir des informations sur ce que les spécialistes ont appelé « les possibles dimensions militaires » de son programme nucléaire ? Ce, pour dissiper les zones d’ombres que beaucoup jugent incompatibles avec le discours officiel de Téhéran, selon lequel l’Iran n’a pas l’intention de se doter de la bombe atomique.

Les positions bougent

« On est encore loin d’un accord final » assurent des diplomates européens. Néanmoins les positions des uns et des autres évoluent.

Exemple : le « droit à l’enrichissement » d’uranium que revendique l’Iran. Parmi les « six », la France a longtemps défendu une position ferme sur ce sujet sensible, expliquant à qui voulait l’entendre que le Traité de non-prolifération nucléaire ne mentionne nulle-part ce fameux « droit à l’enrichissement » auquel la République islamique fait constamment référence.

Aujourd’hui, la position officielle française reste inchangée mais en coulisses le ton est différent. « On pourrait parler de la ‘possibilité’ pour l’Iran d’enrichir de l’uranium », explique ainsi une source proche du dossier. L’évolution peut paraître subtile mais elle est fondamentale à l’heure où commence la rédaction de l’accord.

Côté iranien, aussi on note des inflexions. Par exemple, à propos du réacteur en construction d'Arak, jugé très inquiétant par les Occidentaux car susceptible de produire du plutonium utilisable dans une bombe. Récemment, Téhéran a proposé de limiter considérablement la capacité de cette installation.

Des « durs » en embuscade

L’Iran et les Six prennent la plume ce mardi à Vienne pour coucher sur le papier leur projet d’accord. Mais rien ne dit que ce travail minutieux accouchera d’un texte acceptable par tous. « Tant qu’il n’y a pas d’accord sur tout, il n’y a d’accord sur rien », répètent les diplomates proches de la négociation.

Le texte va aussi s’écrire sous la pression des durs de chaque camp. Les ultra-conservateurs iraniens, les faucons israéliens et une partie du Congrès américain sont prêts à dénoncer avec force tout ce qu’ils considèreront comme une concession inacceptable.

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L'Iran et les Six ont en principe jusqu'au 20 juillet pour trouver un accord définitif mais cette échéance peut être prolongée de six mois.

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