Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti
Pour le gouvernement intérimaire égyptien, la décision saoudienne de classer les Frères musulmans à sa liste des organisations terroristes a un goût de victoire. L’armée avait commencé par destituer le président Frère musulman Mohamad Morsi à la suite d’un soulèvement populaire en juillet. En décembre, après une série d’attentats, le gouvernement décrétait la confrérie « organisation terroriste ».
La décision du pays le plus peuplé du monde arabe est aujourd’hui entérinée par le pays le plus riche, l’Arabie Saoudite. Elle qui a déjà accordé une aide de 5 milliards de dollars au gouvernement égyptien a également financé un contrat d’armes russes à l’Égypte estimé à deux milliards de dollars.
La décision saoudienne est d’autant plus importante que l’Arabie était, par le passé, une terre d’asile pour les membres de la confrérie fuyant la répression du président Nasser dans les années soixante. Riyad était aussi la principale source de financement privé des Frères musulmans à travers des milieux d’affaires saoudiens ou des travailleurs égyptiens sympathisants de la confrérie. Cette dernière a, de son côté, accueilli avec « surprise et peine » la décision saoudienne « qui va à l’encontre des relations historiques » entre Riyad et les Frères musulmans.