Al-Qaïda rejette la filiation revendiquée par les jihadistes de l’EIIL

C'est un désaveu clair et net pour les combattants de l'Etat islamique en Irak et au Levant : le commandement d'al-Qaïda affirme dans un communiqué publié sur internet que le groupe jihadiste n'est pas une de ses branches, et qu'il n'a aucun lien avec lui. L'EIIL, dont les combattants sont actifs en Irak et dans le nord de la Syrie, se revendique pourtant du groupe fondé par Oussama ben Laden.

En novembre dernier, al-Qaida avait déjà marqué sa désapprobation à l'égard de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) en choisissant de désigner le Front al-Nosra comme son unique représentant dans le nord de la Syrie. Avec ce communiqué publié sur la Toile, le commandement d'al-Qaïda achève de se démarquer de l'EIIL, en affirmant n'avoir aucun lien avec lui, et ne pas être responsable de ses actions.

Pour l'EIIL, cette annonce est un coup dur, surtout dans le nord de la Syrie, où ses combattants sont engagés dans un combat fratricide avec les autres groupes de la rébellion syrienne : en lui retirant formellement tout soutien, al-Qaïda peut encourager certains de ses membres à le quitter.

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Cela peut aussi rendre plus difficile ses opérations de recrutement et de financement. A contrario, le Front al-Nosra, principal rival de l'EIIL en Syrie, devrait en sortir renforcé, avec une légitimité accrue aux yeux de tous les combattants se réclamant, en Syrie, de l'idéal jihadiste. 

Irak, Syrie : deux situations différentes

« Il est fort probable que l’on assiste à un affaiblissement au cours des prochaines semaines de ce groupe parce que la plupart des jihadistes d’al-Qaïda vont probablement le quitter pour rejoindre le Front al-Nosra, confirme le spécialiste des groupes islamistes armés, Mathieu Guidère, au micro de RFI. Mais sur le fond, le groupe est déjà ancré avec un certain nombre de jihadistes qui partagent la ligne de fractures sunnites-chiites et ceux-là ne le quitteront pas. »

Pour l'expert, donc, « il faut s’attendre à ce que, au cours des premières semaines, en Irak même, on n’assiste pas à un affaiblissement de l’Etat islamique en Irak et au Levant mais que, à l’intérieur de la Syrie, il y ait un affaiblissement et un renforcement des autres groupes jihadistes. »

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