Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
En marge de la réunion de l’Organisation de la coopération économique, le Turc Ahmet Davutoglu et l’Iranien Mohamad Javad Zarif ont montré plus de points de convergence que de désaccord. Et c’est très nouveau en ce qui concerne la crise syrienne : « Nous sommes d’accord pour dire qu’un cessez-le-feu est nécessaire pour la réussite des négociations de Genève 2 », a expliqué le chef de la diplomatie turque, ajoutant que « les conditions hivernales allaient encore aggraver la situation humanitaire et qu’il ne fallait plus attendre pour permettre l’acheminement d’une aide aux populations ».
Confirmation de son homologue iranien pour qui l’un des moyens de faire parvenir cette aide sur le terrain est, bien sûr, d’arriver à une cessation des hostilités. Les deux pays, Turquie et Iran, ont leur influence, a-t-il bien souligné.
C’est un revirement presque à 180 degrés pour Ankara, qui n’a jamais caché son soutien à la rébellion. S’il n’y a pas pour l’instant d’appel direct au cessez-le-feu souhaité par les Turcs et les Iraniens, cette convergence de vues a de quoi surprendre ; et cela semble annoncer qu’Ankara va soutenir l’idée d’une participation de l’Iran aux futures négociations de paix.
En revanche, les deux hommes ont gardé le silence sur le sort qu'ils veulent voir réserver à Bachar el-Assad, car sur ce point, aucun doute : ils ne sont pas sur la même longueur d'ondes.
Accusations de soutien armé
Cette rencontre intervient au moment où de nouvelles accusations de soutien matériel aux groupes armés combattant dans le nord de la Syrie ont été révélées hier.
Ces révélations embarrassantes, publiées dans le journal Taraf mercredi, ont valu un démenti farouche offusqué du ministre de l’Intérieur Muammer Güler. C’est l’interrogatoire d’un chauffeur de camion arrêté le mois dernier avec un chargement de 1000 obus de mortier et d’une dizaine de lanceurs qui a mis sous les projecteurs cette affaire.
Selon cet homme, et son seul témoignage, ces armes avaient été chargées à 200 mètres seulement d’un point de contrôle de la gendarmerie, qui s’est bien gardée de contrôler son chargement, et qui connaissait l’existence – voire protégeait – cette activité, a-t-il expliqué au juge.
Ainsi, c’est la première fois que la Turquie est expressément et officiellement reconnue comme étant un pays par lequel des armes sont livrées aux islamistes d’al-Qaïda, à défaut de la preuve que cette livraison se faisait vraiment au vu et au sud des forces de sécurité turques.