Avec notre correspondante à Riyad, Clarence Rodriguez
Sous le feu des critiques, le président de la Commission saoudienne des droits de l’homme se défend, rappelant que son pays a fait de réels progrès, ces quatre dernières années et qu’il s’est engagé à « faire respecter les droits de l’homme conformément a la charia, la loi islamique ».
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Bandar bin Mohamed al-Aiban veut sans doute évoquer les microréformes à l’égard des femmes, comme la vente de la lingerie et de produits cosmétiques par des femmes, le recrutement de caissières dans les magasins, la nomination de 30 femmes au conseil de la Choura, entre autres. Il s’agit de réformettes, obtenues a l’arrachée, dans une société profondément sclérosée, souvent réfractaire à la moindre évolution.
Les femmes et les migrants victimes d'atteintes aux droits
En revanche, des droits fondamentaux sont toujours en souffrance. Comme le droit de conduire. Saoudiennes et étrangères sont condamnées a ne pas prendre le volant dans le royaume. Elles ne peuvent pas non plus voyager seules, sans l’autorisation d’un tuteur, d’un père d’un mari ou d’un frère.
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Que dire de ces centaines de milliers de travailleurs immigrés illégaux expulsés depuis une semaine ? Pendant des années, ils dépendaient d’un « parrain » saoudien qui leur soutirait des fortunes pour obtenir un permis de travail souvent illégal.
A cause, justement de ces papiers délivrés « au noir », certains de ces hommes et de ces femmes n’ont pas pu régulariser leur situation avant le 4 novembre. Parqués dans un centre d’accueil a la périphérie de Riyad, ils attendent d’être expulsés. D’autres immigrés ne sortent plus de chez eux, de peur d’être emprisonnés.
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Pour les organisations de défense des droits de l’homme, l’Arabie Saoudite fait partie de ces pays qui violent systématiquement les droits de la personne, bafoue les droits de la femme. Et, surtout, ne respecte pas les engagements pris devant le Conseil des droits de l’homme des Nations unies. Pour le directeur général de UN Watch, Hillel Neuer, « l’élection de l’Arabie Saoudite par l’ONU est comparable au choix d’un pyromane comme chef des pompiers ».