A Genève, le climat des discussions oscille entre espoir et scepticisme. Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a déclaré ce samedi matin sur qu'il n'y avait aucune certitude qu'un accord puisse être conclu avec l'Iran. Le chef de la diplomatie française a insisté sur le fait que le texte initial qui a été proposé, n'était pas acceptable.
Le réacteur à eau lourde d'Arak qui produit beaucoup de plutonium pose problème, ainsi que le programme iranien d'enrichissement d'uranium. Les Occidentaux le jugent excessif pour un usage strictement civil.
Malgré tout, l'espoir de trouver un accord sur le nucléaire iranien n'a pas disparu. Le ministre britannique des affaires étrangères William Hague, estime que de «grands progrès» ont été accomplis dans les négociations et que les grandes puissances doivent profiter de cette opportunité.
Autre signe qui ne trompe pas : le chef de la diplomatie chinoise est attendu à Genève, où son homologue russe se trouve déjà depuis ce matin. Quant aux autorités iraniennes, elles envisagent de signer un accord avec le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Yukiya Amanao, lors de sa visite à Téhéran, prévue pour lundi.
Finalement, le scénario le plus probable qui semble se dessiner a été avancé par le vice-ministre des Affaires étrangères iranien Abbas Araghchi : « Les négociations ne vont pas se poursuivre demain [dimanche]. Soit elles se terminent ce soir, soit il y aura un autre round », a-t-il dit cité par les agences iraniennes. Mais il est encore « trop tôt pour le dire, il faut attendre la réunion tripartite », entre les chefs de la diplomatie de l'Union européenne Catherine Ashton, des Etats-Unis John Kerry et de l'Iran Mohammad Javad Zarif.
En Iran, la presse se met à l'heure genevoise
Les quotidiens modérés ont salué samedi les négociations de Genève, affirmant qu'un accord historique était désormais à portée de main, rapporte notre correspondant à Téhéran, Siavosh Ghazi. En revanche, les journaux conservateurs ont critiqué le mirage de Genève.
Il semble qu’un événement historique est en train de se produire entre l’Iran et l’Occident. Après trente-cinq ans de méfiance et d’accusations mutuelles, l’Iran et les pays occidentaux ont accepté à Genève de se regarder les yeux dans les yeux et de se parler, écrit l’analyste Sadegh Zibakalam, connu pour ses positions pro-occidentales.
Mais certains réformateurs ont mis en garde contre tout optimisme démesuré, en insistant sur le fait que les principales sanctions économiques ne seront pas levées.
Dans une tribune publiée par le quotidien réformateur Arman, l’analyste Saïd Leylaz affirme que l’hostilité stratégique entre l’Iran et les Etats-Unis sera transformée au mieux, en concurrence entre les deux pays dans la région.
Pour sa part, le quotidien ultraconservateur Kayhan dénonce le mirage de l'accord de Genève, en affirmant que les Etats-Unis ne veulent pas toucher à la structure des sanctions. Ce qui fait écrire au quotidien Vatan Emrooz, que les négociateurs iraniens ne doivent pas se contenter de «bonbons suisses» dans les négociations.