■ Vu de : Ramallah
Avec notre correspondante, Emilie Baujard
Dans un camp de réfugiés à Bethléem, une foule entre et sort de la maison d’Issa Abed Rabbo, un Palestinien arrêté en 1984 pour le meurtre de deux Israéliens. Tous viennent féliciter la famille et organiser les cérémonies de ce soir en l’honneur de son retour.
« Tout le monde connaît Issa ici, confie son neveu Mahmoud, même si beaucoup d’entre nous ne l’ont jamais vu. Mais cette fois, on va le voir, il rentre chez lui, il va pouvoir embrasser sa mère, retrouver sa famille. Et dans le camp, Issa est devenu un vrai symbole. Tout le monde le connaît et il est très respecté, ici et en Palestine ».
Issa Abed Rabbo fait partie des prisonniers incarcérés avant les accords de paix d’Oslo et dont les Palestiniens demandaient la libération depuis des années. Son retour est donc très attendu et sa mère, âgée de 76 ans, peine à y croire : « C’est le plus beau jour de ma vie car mon fils sort après avoir passé 30 ans derrière les barreaux. Il rentre à la maison, je vais pouvoir le serrer dans mes bras. Et cette joie est partagée par tout le peuple palestinien ».
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En tout, 26 prisonniers seront libérés, 21 en Cisjordanie et cinq dans la Bande de Gaza. Mais le camp se prépare aussi à toute éventualité. Car au dernier moment, les libérations peuvent être annulées ou bien le nom d’Issa retiré de la liste des prisonniers libérés.
■ Vu de : Jérusalem
Avec notre correspondante, Murielle Paradon
Ytsak Moaz a du mal à retenir son émotion lorsqu’il montre des photos de sa fille dans la pizzeria où elle travaillait à Jérusalem et où elle a été fauchée par une bombe. C’était le 9 août 2001. Pour son père, c’était hier. « A 14h, rappelle-t-il, un terroriste est arrivé. Il s'est fait exploser. Il y a eu 15 morts, dont ma fille. Elle avait 19 ans ».
Les responsables de l’attentat ont été relâchés il y a deux ans, dans le cadre de l’accord pour libérer le soldat israélien, Gilat Shalit. Un moment difficile pour Ytzak Moaz : « Ca a été très dur pour moi de savoir que ceux qui avaient tué ma fille ne subissaient pas la peine qu'ils devaient recevoir, 25 ans de prison. On nous a dit que c'était une décision politique et non une décision judiciaire. On ne peut que baisser la tête et rentrer chez soi ».
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Cette fois, les prisonniers sont relâchés, disent les autorités israéliennes, pour faciliter la reprise du processus de paix. Ytzak Moaz, quant à lui, affirme qu’on ne libère pas des assassins pour faire la paix, mais il croit tout de même en la valeur du dialogue entre Israéliens et Palestiniens.