Convaincre l’opposition syrienne de participer à la Conférence de paix Genève 2. La mission est difficile mais pas impossible. Ce mardi, Paris, Londres, Washington et certains pays arabes vont devoir convaincre l’opposition syrienne.
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Selon Khaled al-Saleh, porte-parole de la coalition de l’opposition, une seule exigence sépare la CNS (Coalition nationale syrienne) d’une participation à Genève II : « Nous ne voulons pas que Bachar el-Assad soit impliqué dans le processus politique en Syrie, explique-t-il. Nous ne voulons pas de lui dans la future transition. Nous voulons que la communauté internationale nous le garantisse. A ce moment là, nous serons en mesure de confirmer notre participation à Genève 2 ».
Même si l’opposition est intransigeante, les efforts diplomatiques occidentaux semblent avoir porté leurs fruits. Il y a quelques semaines encore la CNS à l’unisson refusait tout dialogue avec Damas.
Risque de divisions au sein de la CNS
Aujourd’hui, le changement de ton est perceptible. « Nous acceptons la participation de Bachar el-Assad à Genève 2, affirme le porte-parole de la coalition de l'opposition. Nous sommes conscients que nous allons devoir négocier avec une délégation qu’il aura envoyée ».
Toutefois, le risque désormais est de voir apparaître une division au sein de la coalition de l’opposition syrienne. Certains de ses membres campent sur leur position : ils refusent toujours de dialoguer avec le régime.
« Comment Assad peut-il encore exiger de jouer un rôle quelconque à l’avenir ? »
Hier, lundi, à Paris, lors de sa conférence de presse, John Kerry a souligné encore une fois que, pour les Etats-Unis, Bachar el-Assad n'avait pas sa place dans un gouvernement de transition. Si le président syrien est réélu en 2014, la guerre continuera, a déclaré le secrétaire d'Etat américain :
« Le processus de Genève 2 doit permettre de trouver une solution négociée à une guerre qui a lieu parce que Bachar el-Assad a décidé de répondre par des balles et des bombes aux jeunes de son pays qui souhaitent participer à l’avenir de la Syrie, a-t-il accusé. Assad a détruit des universités, il a bombardé au napalm des écoles, il a brûlé des enfants innocents qui étaient là pour apprendre. Il a tellement bombardé et gazé les gens de son pays que plus de 150 000 d'entre eux sont morts. Comment cet homme peut-il encore exiger de jouer un rôle quelconque à l’avenir ? » s'est indigné John Kerry.
« De l’autre côté, a indiqué le secrétaire d'Etat, l’opposition compte beaucoup de personnes qualifiées en Syrie. Ce ne sont pas seulement les combattants, mais aussi des gens opposés à Assad qui tiennent un commerce ou qui travaillent dans un hôpital… Il y a des personnes qui sont qualifiées pour prendre l’avenir de la Syrie en main. Il n'est écrit nulle part que cet avenir appartient à une seule famille ou à un seul homme, surtout pas après ce qui s’est passé depuis deux ans et demi ».
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Les réserves de Bachar el-Assad
Dans une longue interview diffusée lundi soir par la chaîne libanaise Al-Mayadeen, Bachar el-Assad a déclaré que « Il n’ ya pas de date fixe et les conditions ne sont pas encore réunies pour tenir et le sommet de 'Genève 2'. Si nous voulons qu’il réussisse, il faut éclaircir certaines questions : Quelles sont les forces qui y prendront part ? Quel lien ont les participants avec le peuple syrien ? Ces forces représentent-elles le peuple syrien ? »
Le chef de l'Etat syrien s'est par ailleurs déclaré lundi soir prêt « sur le plan personnel » à se présenter à la présidentielle de 2014. Il ajoute par ailleurs « qu’il est prématuré de sonder la volonté populaire sur sa candidature et que les choses seront plus claires quand la date des élections sera fixée ».