Avec notre correspondant à Téhéran, Siavosh Ghazi
La presse iranienne salue largement l’entretien téléphonique entre le président Rohani et le président Obama. Pour le quotidien réformateur Arman, ce contact historique a pris le monde de court et a mis fin à un tabou vieux de trente-cinq ans.
En effet, Téhéran et Washington ont rompu leurs relations en 1980 et c’est la première fois qu’il y a des contacts à ce niveau entre les deux pays. Les journaux reprennent également une déclaration de l’ex-président Akbar Hachemi Rafsandjani, considéré comme le parrain du président Rohani, qui a affirmé que le succès de Hossein Rohani, à New York, était la marque du triomphe promis par Dieu.
De nombreux journaux iraniens estiment qu’une solution est désormais à portée de main pour résoudre la crise nucléaire et mettre fin aux sanctions économiques qui frappent le pays, même s’ils reconnaissent que cela prendra du temps.
Enfin, plusieurs journaux ont mis en garde Téhéran et Washington contre toute normalisation entre les deux pays. Pour le quotidien Arman, Israël est le principal perdant d’une telle normalisation et fera tout pour l’en empêcher.
« Un dégel historique »
« Tout a changé, le ton a changé, la rhétorique a changé, explique Azadeh Kian, professeur en sciences politiques à l'université de Paris VII Diderot. Depuis 1979, les présidents américain et iranien ne s’étaient pas adressés la parole puisqu’il n’y a plus de relations diplomatiques entre ces deux pays ».
En novembre 1979, les étudiants islamistes radicaux avaient alors occupé l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran et pris en otage pendant 444 jours les diplomates américains. Pour Azadeh Kian, cet entretien est« un événement historique » et « un dégel réel » dans les relations entre les deux pays.
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Azadeh Kian est l’auteur de L'Iran, un mouvement sans révolution. La vague verte face au pouvoir mercanto-militariste, aux éditions Michalon.