La classe politique française divisée sur la Syrie

La question d’une intervention militaire en Syrie n’en finit pas de susciter des interrogations et des doutes, notamment en France. La position de fermeté adoptée par François Hollande qui a fait part de sa détermination à « punir » le régime de Bachar el-Assad n’a pas obtenu de soutien unanime. Loin de là. Sur la question syrienne, la classe politique est divisée. 

Faut-il intervenir militairement en Syrie, ou pas ? C'est la question qui est posée en France. Pour François Hollande, la réponse est claire : c'est oui. Car le régime de Bachar el-Assad a franchi la ligne rouge en utilisant des armes chimiques contre son propre peuple. Depuis plusieurs semaines, le président de la République prône donc la fermeté et essaie de convaincre du bien-fondé de frappes ciblées pour « punir » Damas, dont la responsabilité dans le massacre ne fait, selon lui, aucun doute. Mais contrairement à ce qui s’était passé pour le Mali où l'intervention avait été soutenue par la grande majorité des élus, le chef de l’Etat se heurte, cette fois, à de fortes oppositions.

A l'UMP, de nombreux parlementaires sont montés au créneau pour mettre en garde contre une participation à une action militaire en Syrie sans l'aval du Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies, où les Russes et les Chinois continuent d’opposer leur veto, arguant qu'aucune preuve vérifiée n'a pu être, selon eux, apportée pour le moment. L'ancien Premier ministre François Fillon a ainsi condamné la position de François Hollande et affirmé qu'engager la France militairement sans le soutien des Nations unies était « une faute que l'on payera cher ». Selon lui, « ou on fait la guerre, ou on rentre dans un conflit, ou on réédite ce que l'on a fait en Irak (...), mais l'idée d'une punition symbolique n'a pas beaucoup de sens ».

Fillon contre Copé

Cette position critique n'est pas partagée par tout le monde à l'UMP, et notamment par le président du parti Jean-François Copé. S’agit-il d’une volonté des deux rivaux de marquer des points l'un par rapport à l’autre, ou de l’expression de convictions différentes sur la question ? En tout état de cause, quand François Fillon affirme son opposition à l'intervention militaire, Jean-François Copé déclare, lui, que « face à un crime contre l'humanité, la communauté internationale ne peut pas rester silencieuse ». Et surtout quand François Fillon dit qu'il votera contre une intervention si le Parlement est consulté, Jean-François Copé déclare qu'il pourrait voter « oui », si certaines conditions étaient réunies : mandat des Nations unies ou au moins large coalition autour de la France et des Etats-Unis après la publication du résultat de l'enquête des inspecteurs de l'ONU.

Vote ou pas vote ?

Il n’y a donc pas seulement une ligne de fracture entre la majorité et l’opposition, mais aussi des divisions au sein même de l’opposition et de la majorité. Non seulement sur le principe d’une intervention, mais aussi sur la question de la nécessité d'un vote des parlementaires français. Jean-François Copé ne réclame pas de vote. Il est sur la ligne Hollande, à savoir que, selon la Constitution, la décision d'une intervention militaire dépend du président de la République, et de lui seul. Alors que François Fillon, mais aussi les centristes - Jean-Louis Borloo, François Bayrou, notamment - demandent au chef de l’Etat de consulter le Parlement. Surtout s'il n'y a pas de mandat de l'ONU. Et d'autant plus que même Barack Obama a décidé de le faire aux Etats-Unis.

À gauche aussi, la demande d'un vote a été relayée. Si au Parti socialiste, les élus ne remettent généralement pas en cause la nécessité d'une intervention, certains ont tout de même estimé que le contexte politique imposait la consultation du Parlement : le député de Paris Jean-Marie Le Guen ou celui des Bouches du Rhône Patrick Menucci, par exemple.

Même son de cloche chez les écologistes qui sont favorables au vote. Certains d'entre eux, minoritaires, ont aussi fait part de leur opposition pure et simple à l'intervention. Tout comme les membres du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon en tête. Ou encore le Front national de Marine Le Pen qui a, lui aussi, rejoint le camp du « non » aux frappes contre le régime syrien. Les motivations des uns et des autres sont diverses : opposition de principe, mise en doute des preuves de la culpabilité de Damas ou refus de voir la France en position de « supplétif » des Etats-Unis.

La classe politique est donc divisée et les Français, eux, majoritairement hostiles à l'intervention.

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