Attaque chimique en Syrie: des pays du G20 veulent une «réponse forte»

Vendredi, onze pays du G20 ont condamné le bombardement à l'arme chimique du 21 août 2013 dans la banlieue de Damas et se sont prononcés pour une réponse forte de la communauté internationale. Le document, diffusé par la présidence américaine alors que le sommet du G20 s'achevait, porte les signatures des chefs d'Etat et de gouvernement australien, canadien, français, italien, japonais, sud-coréen, saoudien, espagnol, turc, britannique et américain. Les Allemands ont finalement signé in extremis l'appel ce samedi.

Les signataires apportent leur caution à Barack Obama mais ne promettent en rien de participer à une coalition armée.

Et d'ailleurs, pour le moment, le chef de la Maison Blanche n'en demande pas plus. La France a été avertie samedi dernier de l'élaboration de cette déclaration et s'en félicite, fait-on savoir dans l'entourage de François Hollande.

Ce texte, sollicité par le président américain est d'abord à usage interne. Barack Obama soumet sa décision au vote du congrès à partir de lundi et il a besoin de démontrer qu'il a l'aval d'une partie de la communauté internationale.

Le temps est compté

Mardi, il s'expliquera devant la nation. Et puis le vote pourrait avoir lieu jeudi ou vendredi, c'est-à-dire après les commémorations du 11-Septembre, mercredi. Si le congrès dit oui, c'est loin d'être gagné : les Américains alliés aux Français pourraient attendre encore quelques jours la publication du rapport des inspecteurs des Nations unies qui confirmeraient ce dont ils disent avoir la preuve, à savoir qu'il y a bien eu recours à l'arme chimique en Syrie, avant de passer à l'action.

Ensuite, le temps est compté, puisque, à partir du 24 septembre, s'ouvre l'assemblée générale des Nations unies, un rassemblement où les frappes contre la Syrie seront âprement discutées


Libye, Mali, Syrie : l’Allemagne peine à dire oui. Lors du vote au conseil de sécurité sur une intervention en Libye, Berlin avait failli voter contre avant de choisir l’abstention et de provoquer l’incompréhension de ses alliés. Il y a quelques mois, le soutien allemand à l’opération au Mali s’est limité à un minimum justifié notamment par l’engagement de Berlin en Afghanistan.

Et sur le dossier syrien, Berlin, qui demande une réaction à la hauteur, après l’utilisation d’armes chimiques rejette toute participation à une intervention militaire et met en avant la recherche d’un dialogue à Damas et d’une solution diplomatique, deux hypothèses dont les chances de réussite sont les plus minces.

Angela Merkel sait, a fortiori, à deux semaines des élections, que ses concitoyens rejettent les participations allemandes à des interventions militaires. Ils sont environ deux tiers à être opposés à une action contre la Syrie. La chancelière veut, comme sur d’autres dossiers gagner du temps ou en tout cas éviter de prendre une position impopulaire. Rappelons qu’à l’époque dans l’opposition elle avait soutenu l’intervention en Irak de George Bush.

La gauche allemande est sur la même longueur d’onde que Merkel. Les commentateurs sont aussi sceptiques. Certains rappellent toutefois que l’Allemagne qui a gazé des centaines de milliers de juifs durant le Troisième Reich a une responsabilité morale, 70 ans après.

(avec notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut)

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