Avec notre envoyée spéciale à Saint-Pétersbourg
La menace d'une intervention militaire en Syrie a étouffé le débat sur l'économie, comme si tout allait bien sur ce front là. La situation économique s’est améliorée, c’est le premier constat du communiqué final du G20 de Saint-Pétersbourg.
C'est pourquoi le bilan économique du sommet apparaît maigre, il se limite aux dossiers inscrits de longue date à l’ordre du jour, comme la lutte contre l'évasion fiscale. A l'avenir, les administrations des pays membres du G20 devront fournir automatiquement les informations sur les déclarations des non-ressortissants, sans attendre que leur pays d’origine réclame ces informations, et cela dès 2015.
Toujours au chapitre fiscal, les multinationales qui ont des stratégies redoutables pour échapper à l’impôt sont maintenant dans le viseur des pays membres du G20.
L'autre dossier porté par le G20, le shadow banking, ce financement gris de l’économie, légal mais totalement hors de contrôle de la régulation traditionnelle, avec tous les risques de bulles qu’il comporte, est dorénavant dans le collimateur des pays membres du G20.
Un G20 inutile pour certains
Quand l’économie va, à quoi bon, organiser ces grand-messes ? C’est l’analyse des optimistes qui ont en tête le G20 de Londres en 2008 où les pays ont démontré leur capacité à se mobiliser dans la crise. Aujourd'hui, la reprise est manifeste aux Etats-Unis et encore un peu timide en Europe. En tout cas, l'éclatement de la zone euro n'est plus du tout une menace.
Mais dire que la crise est terminée, c’est aller vite en besogne. Le président russe Vladimir Poutine a été plus réaliste en déclarant qu'un retour à la crise n'était pas exclu. Il en sait quelque chose puisque la croissance ralentit fortement en Russie comme dans les autres pays émergents. Mais visiblement cette éclosion du risque de crise dans les pays émergents a plutôt divisé que rassemblé le sommet.
Brics ou pas
Avec les Brics d'un côté, les pays occidentaux de l'autre, la fracture est très nette. En organisant leur propre sommet, en pointant du doigt la responsabilité de la banque centrale américaine dans le plongeon de leurs devises, les Brics ont d'ailleurs copieusement souligné les divergences entre le nord convalescent et le sud qui s'enrhume. Cette ligne de fracture s'est déclinée sur d'autres thèmes que la politique monétaire.
On la retrouve partiellement dans le dossier syrien. Si un certain nombre de pays émergents sont hostiles à une intervention militaire c'est en partie parce qu'ils craignent le ralentissement de l'économie que pourrait provoquer une guerre au Proche-Orient. Le pétrole dont dépendent tant l'Inde, la Chine ou encore l'Indonésie, pourrait encore augmenter et surtout il pourrait manquer si les routes maritimes de la région venaient à être coupées en raison d'un embrasement de leur pays.
La Chine a exprimé cette inquiétude par la voix de son vice-ministre des Finances. La perception même des échanges varie selon le camp dans lequel on se trouve. « Consensuels » selon le ministre français de l’Economie, Pierre Moscovici, ils sont au contraire qualifiés de « difficiles » par les Russes sur l’équilibre à trouver entre la croissance et le besoin de contenir les déficits publics.