C’était un sujet qui « s’imposait » de lui-même. « Le G20 est dominé par ce qui se passe sur le plan international », confirmait le président français François Hollande à son arrivée à Saint-Pétersbourg, ville hôte du sommet. Mais jusqu’à ce jeudi après-midi, il ne s’agissait pas d’en parler formellement. Changement de programme donc : le Syrie a été officiellement inscrite au menu des discussions du dîner de gala par le président russe Vladimir Poutine.
Au palais de Peterhof, lieu des festivités, Barack Obama est arrivé seul. Seul pour une confrontation que l’on promettait virile avec le chef d’Etat russe. Auparavant, des réunions bilatérales ont eu lieu, et là aussi, le dossier syrien a été largement évoqué. Dans le camp interventionniste, Barack Obama a déclaré que les chefs d’Etat devaient « admettre que l’utilisation d’armes chimiques en Syrie n’était pas seulement une tragédie mais aussi une violation du droit international qui devait être réglée ».
François Hollande s’est entretenu pour sa part avec le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays, voisin de la Syrie, est sur le pied de guerre : des troupes se renforceraient ainsi à la frontière entre les deux pays.
Accorder les violons européens
De fait, Barack Obama et François Hollande sont isolés dans leur croisade contre le régime syrien. D’autant que l’Union européenne se démarque par un manque de cohésion flagrant sur le plan diplomatique. Les parlementaires britanniques refusent que leur pays s’engage aux côtés de l’allié historique américain. L’Allemagne a déclaré de son côté qu’elle ne s’associerait « en aucun cas à une action militaire ».
Parler d’une seule voix devient urgent. Angela Merkel a ainsi rendu une visite impromptue à François Hollande et des discussions entre les cinq pays européens présents et les représentants de l’UE se sont déroulées peu avant le dîner pour accorder les violons. De plus, les ministres des Affaires étrangères des Vingt-Huit vont se réunir vendredi et samedi à Vilnius pour tenter de trouver une position commune.
Le Conseil de sécurité « pris en otage »
Dans ce dossier syrien, la flèche attendue par les Russes n’a pas été décochée depuis Saint-Pétersbourg, mais de New York où l’ambassadrice américaine à l’ONU, Samantha Power, a affirmé ce jeudi que la Moscou « continue de prendre le Conseil de sécurité en otage » et que de fait, il n’y a « pas de possibilité de progrès » dans cette instance. « Le système a protégé les prérogatives de la Russie, le protecteur du régime [syrien] qui a mené avec cynisme l’attaque chimique le plus grave depuis un quart de siècle », s’est-elle ainsi indignée.
Le projet de résolution britannique justifiant une intervention militaire en Syrie, présenté à la fin août, n’a ainsi, selon Samantha Power, « aucune chance d’être adopté par la Russie notamment ».
Autre verrou, au Conseil de sécurité, à une intervention occidentale, la Chine a fait savoir ce jeudi que « la solution politique est la seule voie ».
Le 9 septembre, le Congrès américain doit se prononcer pour ou contre des frappes contre le régime de Damas. La tension n’a donc pas fini de s’accroître.