« Plus jamais la guerre, plus jamais la guerre », a tweeté lundi dernier le pape François en neuf langues. Il est en quelque sorte dans « son rôle » en condamnant toute intervention militaire. En 1964, devant l'ONU, le pape d'alors, Paul VI, lançait, en pleine guerre du Vietnam : « Un cri s'élève avec force… C'est le cri de la paix, plus jamais la guerre ».
En 2001, après les attentats du World Trade Center à New York, le pape Jean-Paul II avait lui aussi appelé le monde entier, non-croyants compris, à une journée de jeûne et de prière pour la paix.
Accroître le chaos
Selon l’Association d'aide à l'Eglise en détresse, l’AED, l'ensemble des chrétiens de Syrie est contre cette intervention. Comme beaucoup d'autres Syriens d'ailleurs, ils ont peur pour leur vie, peur que des bombes tombent sur leurs maisons. Ils estiment aussi que cela va accroître le chaos qui règne déjà dans le pays. C'est la position des dirigeants de l'Eglise chrétienne de Syrie. L’évêque d’Alep, Antoine Audo, évoque un risque d’une « guerre mondiale ». Le patriarche de l'Eglise catholique melkite, Grégoire III Laham, estime qu'une intervention militaire augmenterait les souffrances des chrétiens.
Depuis mars 2011, ils seraient 450 000 d'après le patriarche, à avoir quitté leurs maisons vers d'autres endroits à l'intérieur et à l'extérieur de la Syrie. Par ailleurs, de nombreux chrétiens soutiennent le régime de Bachar el-Assad, par crainte des jihadistes et de leur poids dans la rébellion. Ils craignent tous que se reproduise l'expérience calamiteuse de la guerre en Irak ou l'islamisme radical s'est répandu et des milliers de chrétiens ont dû fuir leurs villes et villages. Les chrétiens de Syrie ont peur de l'instauration d'un Etat islamique.
Les chefs des Eglises chrétiennes du Moyen-Orient au diapason
Une conférence internationale sur les défis des Arabes chrétiens s'est tenu les 3 et 4 septembre à Amman en Jordanie. Les chefs des Eglises d'Irak, du Liban, de Palestine, se sont unis pour s’élever contre les risques encourus par leurs fidèles si une intervention armée étrangère devait avoir lieu en Syrie. Ainsi, le Patriarche latin de Jérusalem Fouad Twal s’interroge sur la légitimité d’éventuelles frappes. Le patriarche maronite libanais Bechara Boutros Raï a accusé « des pays, surtout de l’Occident mais aussi de l’Orient » de « fomenter tous ces conflits ». Le patriarche irakien Louis Raphaël Sako, patriarche des chaldéens, dénonce une opération apte « à faire exploser un volcan destiné à emporter l’Irak, le Liban, la Palestine ».
Aux Etats-Unis, où le Congrès s'apprête dans quelques jours à voter pour l'utilisation ou non de la force en Syrie, la Conférence des évêques catholiques américains a demandé mercredi à Barack Obama de ne pas procéder à une intervention militaire en Syrie mais de rechercher une solution politique. Son président Timothy Dolan, tout en condamnant l'utilisation d'armes chimiques, souhaite que Washington travaille sans relâche avec les autres gouvernements pour obtenir un cessez-le-feu.