Les Brics ne veulent pas être occultés par la Syrie au G20

Grand messe annuelle de l'économie mondiale, le sommet du G20 s'est ouvert ce jeudi 5 septembre à Saint-Petersbourg en Russie. Une réunion initialement consacrée à la relance de l'économie mondiale, mais au cours de ces deux jours, c'est la Syrie et une éventuelle intervention militaire qui vont occuper la plupart des débats. Il y a pourtant une crise en ce moment dans les pays émergents, la crise monétaire. Le G20 est la bonne plateforme pour harmoniser les positions.

Le G20 est  né au moment de la dernière grande crise des changes qu'ont connu ces pays. C'était en 1999. Une réunion des ministres des Finances est alors mise en place au niveau des 20 pays les plus concernés, c'est à dire les pays émergents affectés et les pays riches, les mieux parés pour leur donner un coup de pouce. Il y a d'ailleurs eu à l'époque une action concertée des banques centrales pour stopper cette descente aux enfers. Le G20 est donc historiquement l'enceinte idéale pour trouver une issue à la nouvelle débâcle subie par les devises des pays émergents. Sauf qu'entre-temps le monde a connu une crise encore plus grave, en 2008. Aujourd'hui on commence à sortir du marasme, c'est pourquoi les pays occidentaux qui ont déjà beaucoup dépensé pour soutenir une économie malade, sont aujourd'hui entièrement tournés sur eux-êmes, concentrés sur la reprise déjà sensible aux Etats-Unis et en Europe.

Création d'une réserve commune de devises pour les Brics

En marge du sommet officiel, les Brics se retrouvent aujourd'hui pour discuter de cette crise monétaire. Et ils ont bien besoin de se concerter car ils sont très partagés sur le sujet. Le poids lourd du groupe, la Chine, est à l'abri des remous sur le marché des changes puisque sa devise est entièrement sous contrôle. C'est la banque centrale qui décide seule du taux de change. La Chine qui dispose de la plus grosse réserve en dollars ne semble pas pressée d'aider ces partenaires en intervenant sur le marché des changes. L'Inde aimerait qu'une intervention collective soit menée, mais elle est isolée sur ce sujet. Son appel lancé la semaine dernière est resté sans réponses. Pour agir, les Brics ont besoin d'un outil, d'une réserve de changes commune, et ce projet fait partie des sujets évoqués entre eux. Ils disposeraient alors d'un «trésor de guerre» en quelque sorte pour agir quand une monnaie est attaquée.

Les Brics aimeraient un soutien actif des Etats-Unis

Le projet est dans l'air depuis un an et le plongeon de la roupie indienne, du réal brésilien, du rand sud-africain et du rouble russe le rend d'autant plus urgent. Cent milliards de dollars pourraient alimenter ce pool de devises, mais il en faudrait 5 fois plus pour que cet instrument soit crédible sur le marché des changes. Par ailleurs, à défaut d'obtenir un soutien actif des Etats-Unis, les Brics aimeraient au moins que Washington reconnaisse les dégâts engendrés par sa politique monétaire. Car les devises émergentes chutent depuis que le patron de la Fed a annnoncé la fin en vue de l'assouplissement monétaire. Dans le contexte assez tendu de ce G20, les mots comptent au moins autant que les actes.

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