Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio
Le secrétaire d’Etat américain apporte un élément supplémentaire au débat : le gouvernement syrien a utilisé du gaz sarin, des analyses indépendantes, réalisées sur les secouristes dans l’est de Damas l’attestent.
« Désormais nous avons des preuves, dans les analyses de sang, et sur des cheveux des premiers secouristes intervenus pour aider les victimes. Nous avons la signature de l’utilisation de gaz sarin, je le répète, dans leur sang et sur leurs cheveux », a déclaré John Kerry.
La population a besoin d'être convaincue
John Kerry s’adresse au public américain qui, d’après le dernier sondage, a besoin d‘être convaincu. Selon cette étude, commandée par le réseau NBC, et menée sur 700 personnes à travers les Etats-Unis mercredi et jeudi dernier, 41 % seulement des Américains approuvent la gestion de la politique étrangère du président Obama
Toujours selon ce sondage, 50 % des Américains estiment légitime l’utilisation de la force dans la mesure où l’emploi d’armes chimiques est prouvée, et si on se limite à des frappes aériennes ciblées.
Mais huit américains sur dix se sont prononcés pour un débat et pour une approbation du Congrès avant tout intervention militaire américaine en Syrie. Barak Obama semble avoir entendu le message.
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La Ligue arabe très divisée
Tandis que Bachar el-Assad assure que son pays « est capable de faire face à toute agression extérieure et se retournera contre ses exécutants », l'Arabie Saoudite a appelé ce dimanche après-midi les pays arabes à soutenir l'opposition syrienne, qui réclame une intervention militaire étrangère contre le régime de Bachar el-Assad. La Ligue arabe est réunit en ce moment même au Caire et les discussions subtiles et délicates vont bon train.
Avec notre correspondant au Caire,Alexandre Buccianti
La Ligue arabe ne donnera pas son feu vert à une frappe américaine contre la Syrie. C’est ce qui transparait des diverses prises de position des 22 membres de l’organisation qui apparaît très divisée sur la question. Il y a ceux qui sont favorables aux frappes américaines mais qui n’osent pas le dire ouvertement, comme le Qatar et l’Arabie Saoudite.
Les manifestations qui ont actuellement lieu au Caire et dans d’autres capitales arabes contre les frappes américaines illustrent l’hostilité de l’opinion publique à de telles frappes. Résultat, même l’Arabie Saoudite, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Saoud al-Fayçal, a fait une déclaration ambiguë : il a déclaré se ranger du coté de la volonté du peuple syrien, tout en estimant que la position américaine était confuse.
En face, il y a l’Algérie l’Irak, le Liban et l’Egypte opposés à une intervention militaire étrangère. Le chef de la diplomatie égyptienne Nabil Fahmy a indiqué que toute intervention devait préalablement avoir le feu vert du Conseil de sécurité.
Difficile, dans ces conditions, d’obtenir la majorité des deux tiers pour l’une ou l’autre partie. On se dirige donc vers une résolution consensuelle qui condamnera le régime Assad mais qui demandera une couverture onusienne à toute intervention et appellera les parties syriennes au dialogue.
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La France contrainte d’attendre
François Hollande, qui se montrait déterminé à frapper sans délai la Syrie, se retrouve contraint d'attendre le bon vouloir de l'allié américain. Le président de la République avait envisagé un simple débat sans vote au Parlement le 4 septembre mais le Premier ministre Jean-Marc Ayrault recevra ce lundi les principaux responsables parlementaires pour les informer de la situation en Syrie.