Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh
La riposte israélienne peut paraître déplacée, à la limite incohérente, d’autant qu’elle a visé une organisation laïque pro-syrienne. Pourtant dès le départ, c’est la responsabilité d’al-Qaïda qui a été privilégiée par les différents milieux israéliens dans le tir des roquettes. En principe, riposter contre al-Qaïda au Liban est assez difficile. Cette organisation est bien présente – les services de sécurité libanais et occidentaux le savent et le disent - mais elle est invisible et elle opère clandestinement.
Nouvelles réalités
La riposte d’Israël a en fait un double objectif : d’abord rassurer l’opinion publique que toute attaque contre les territoires israéliens ne restera pas impunie. Mais aussi et surtout profiter de cet événement pour établir de nouvelles règles de jeu. C’est en effet la première fois depuis la guerre de juillet 2006 que l’Etat hébreu mène un raid aérien contre une région située à 20 kilomètres de Beyrouth. Il est clair qu’Israël estime que les équilibres en vigueur depuis sept ans, mis en place et régis par la résolution 1701 de l’ONU, ne correspondent plus aux nouvelles réalités apparues dans la région depuis la guerre civile en Syrie.
Ne pas provoquer l'escalade
Le Hezbollah l’a précédé d’ailleurs en revendiquant le 7 août pour la première fois aussi depuis 2006 une embuscade contre une patrouille israélienne au sud du fleuve Litani, une zone censée être placée sous le contrôle de la Force intérimaire de l'ONU au Liban (Finul). De nouvelles règles de jeu se mettent donc en place au sud du Liban, mais les protagonistes prennent soin de ne pas provoquer une escalade qui deviendrait incontrôlable, du moins jusqu’à présent.