Egypte: des Bosniaques accusés de terrorisme

Des citoyens bosniaques ont été arrêtés par les militaires en Egypte. Soupçonnés d'appartenir à la confrérie des Frères musulmans, ils sont accusés d'avoir préparé des actions terroristes et seront jugés en référé. Mais que sait-on d'eux ?

De notre correspondant à Belgrade,

Pour l'instant, le film des événements est encore assez flou, au point que l'ambassade de Bosnie en Egypte a demandé des éclaircissements. Ce que l'on sait, c'est que les Égyptiens ont arrêté une trentaine d'étrangers, dont des Bosniaques, mais aussi des ressortissants d'Afghanistan, du Pakistan et de plusieurs pays européens, et que ces personnes, qui seraient membres des Frères musulmans, sont accusées de rébellion et de préparation d'actes de terrorisme. Des ordinateurs portables contenant des plans d'attaque de bâtiments au Caire auraient été saisis.

Pour l'instant, on ne connaît même pas le nombre exact de ressortissants bosniaques arrêtés, et le gouvernement de Sarajevo n'a pas reçu confirmation de leur identité.

Quatrième pays « exportateur » de jihadistes

La Bosnie est rarement citée comme pays d'origine pour les jihadistes internationaux ou même pour le radicalisme religieux. Mais les islamistes bosniaques voyagent tout de même. On sait, depuis le printemps dernier, qu'environ 300 combattants des Balkans - dont au moins 52 Bosniaques - se sont rendus ou se trouvent actuellement en Syrie, et que certains d'entre eux combattent avec al-Nosra, une organisation proche d'al-Qaïda. La police fédérale bosniaque a découvert les filières d'acheminement de ces combattants, qui passent par la Turquie avant d'entrer en Syrie.

Au moins deux Bosniaques sont morts au combat en Syrie. D'après certaines estimations, la Bosnie serait devenue le quatrième pays « exportateur » de jihadistes, derrière la Tunisie, la Libye et l'Afghanistan, des estimations à prendre avec circonspection tant il est difficile de savoir d'où viennent les étrangers qui combattent en Syrie.

Société sécularisée

Paradoxalement, l'islam radical est peu présent en Bosnie. Il y a bien eu quelques affaires médiatisées comme l'opération de police dans le petit village de Gornja Maoca, où seraient établis de nombreux extrémistes religieux, ou bien encore, le jugement, actuellement en cours, d'un bosniaque se revendiquant d’un islam radical et qui avait attaqué l'ambassade des Etats-Unis à Sarajevo à la kalachnikov en 2011.

L'islam est, certes, la première religion du pays mais la société est très sécularisée. Par exemple, on voit peu de femmes voilées et l'alcool est normalement accessible partout. Mais les Etats-Unis et l'Europe craignent les jihadistes bosniaques, qui n'ont pas besoin de visa pour se rendre dans l'UE et qui posséderaient un savoir-faire intéressant pour des organisations terroristes.

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