Egypte: deux camps totalement irréconciliables

Les partisans de du président déchu Mohamed Morsi ont défié le pouvoir ce vendredi 16 août, au travers de plusieurs manifestations. La police a ouvert le feu et les premiers bilans font état de plus de 80 morts. Face à ces événements, l'Europe se concerte pour parler d'une seule voix. Les Frères musulmans ont appelé à cesser les protestations aujourd'hui mais à manifester tous les jours.

Avec notre correspondante au Caire, Perrine Mouterde

Des affrontements ont démarré sur la place Ramsès, au Caire, tout juste une heure après la fin de la grande prière, où des milliers de partisans des Frères musulmans s'étaient rassemblés pour exprimer leur colère à l'égard du pouvoir.

Les affrontements se sont concentrés autour d'un poste de police, des coups de feu ont résonné toute l'après-midi, des tirs de gaz lacrymogènes et des fumées noires s'élevaient au-dessus de cette place, survolée par des hélicoptères.

Des incidents ont également éclaté dans plusieurs quartiers du Caire et à travers tout le pays des heurts ont opposé des manifestants à des forces de l'ordre, dans des villes comme Alexandrie, Fayoum, Suez, Ismaïlia et Alexandrie. Des habitants avaient construit des barrages pour contrôler le passage dans leur quartier. Certains d'entre eux se sont également affrontés aux forces sécuritaires.

Les Frères musulmans ont appelé ce soir à cesser les protestations mais à défiler tous les jours, ce qui donne le sentiment de deux camps irrémédiablement opposés.

Selon la confrérie, « la police et des voyous » ont tiré une nouvelle fois à balles réelles sur des manifestants pacifiques. Les autorités, de leur côté, estiment qu'elles font face à un complot terroriste et malveillant de la part des Frères musulmans, affirmant que les forces de l'ordre ont été attaquées par des manifestants armés.

Chacun est donc toujours dans la même rhétorique et dans la même logique. Les forces de l'ordre ont prouvé ces derniers jours qu'elles n'hésitaient pas à tirer à balles réelles sur des foules entières. De leur côté, les Frères musulmans se disent plus prêts que jamais à mourir pour leur cause et leurs idées.

Cette violence renforce d'une certaine façon leur discours de légitimisation. En appelant leurs partisans à manifester, ils savent qu'ils vont provoquer de nouvelles violences. Deux logiques jusqu'au-boutistes s'affrontent donc, et après les centaines de morts de mercredi et la démission d'une personnalité comme Mohamed el-Baradei, on voit mal comment des discussions pour parvenir à une solution politique pourraient reprendre.

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