Egypte: un «vendredi de la colère» à haut risque

Ils sont des milliers dans les rues de la capitale égyptienne et dans d'autres grandes villes du pays à avoir répondu à l'appel à la mobilisation des Frères musulmans, qui ont décrété ce vendredi 16 août «journée de la colère». Au Caire, l'armée bloque les principales artères. Sur la place Ramsès ou ailleurs dans la capitale, les scènes d'émeutes ont commencé à se multiplier. Le pouvoir égyptien dit se battre contre un «complot terroriste».

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Cinq morts sont signalés dans la province du Fayoum au sud du Caire, 8 à Damiette et au moins 5 partisans du président déchu Morsi ont été tués dans le nord à Ismaïlya. Mais les bilans restent difficiles à établir pour l'heure car ils sont généralement contradictoires.

Les blessés se comptent par dizaines et le bilan devrait s'alourdir, les forces de l'ordre ayant reçu l'autorisation de tirer à balles réelles en cas d'attaques de bâtiments publics ou si elles sont elles-mêmes la cible des manifestants.

Les partisans du président déchu Mohamed Morsi ont appelé à manifester « par millions » en réponse au « massacre » de plus de 600 personnes le 14 août dernier, notamment dans la dispersion sanglante de deux sit-in dans la capitale.

Dès la fin de la grande prière du vendredi, les manifestants ont commencé à défiler notamment au Caire en direction de la place Ramsès, dans le centre alors que les forces armées ont bloqué les principaux accès avec des chars.

Sur place, les forces de l'ordre ont tiré des gaz lacrymogènes, et, selon des témoins, des coups de feu ont été entendus. Un grand désordre règne sur la place, occupée par les pro-Morsi, rapporte notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti.

En fin de journée, la situation y restait particulièrement critique. Actuellement une énorme fumée noire s'échappe de la place Ramsès où les Frères disent déplorer au moins 50 morts, qui auraient été entreposés dans la mosquée al-Fata, située sur la place.

Les chars de l'armée sont déployés dans des lieux stratégiques; place Tahrir ou bien au siège de la télévision. Les hélicoptères continuent de surveiller la ville, en vol stationnaire. Dans le quartier chiite de Zamalek, de nombreux échanges de coups de feu ont été entendus. Plus de 20 cadavres auraient été signalés par des témoins dans une mosquée du Caire.

Un scénario identique est en train de se produire du côté de Gizeh, sur l'avenue des pyramides, où selon des témoins, les manifestants subiraient là aussi des tirs.

Mais il y a aussi des manifestations dans plusieurs autres villes d’Egypte, à Minieh, en moyenne Egypte, à Tanta, au centre du delta, mais aussi en Mer Rouge, à Hurghada, ou encore à Ismaïlia et Damiette, où plusieurs manifestants ont été tués.

Un peu partout en Egypte des manifestations s'organisent en réponse à l’appel de ce vendredi de la colère des Frères musulmans.

En fin de journée, l'Egypte a reçu le soutien du roi d'Arabie Saoudite contre le « terrorisme ».

L'Egypte reste sous le coup d'un couvre-feu qui démarre à 21 h. Si les manifestants devaient encore se trouver dans les rues à cette heure-là, la situation serait certainement appelée à dégénérer un peu plus.

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