Ankara appelle ses concitoyens à quitter le territoire libanais

Après l'enlèvement dans la banlieue de Beyrouth d'un pilote et d'un copilote de la compagnie aérienne turque Turkish Airlines, Ankara a tout d'abord appelé ses concitoyens à quitter le territoire libanais ou à éviter de s'y rendre sans raison impérieuse et promis de tout mettre en oeuvre pour parvenir à libérer ses otages, détenus par un groupe chiite. Des efforts qui passent par la tentative d'obtenir la libération d'une dizaine d'otages libanais chiites détenus en Syrie depuis quinze mois, et toujours aux mains de l'Armée syrienne libre, la rébellion au régime de Bachar el-Assad qui dénonce le soutien de la milice chiite du Hezbollah à Damas.

Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion

Il y a un an, deux ressortissants turcs avait été enlevés au Liban par un groupe chiite qui, déjà, réclamait la libération des pèlerins rentrant d'Iran via la Syrie et retenus près de la Turquie par un groupe affilié à l'Armée syrienne libre, en tout cas dans la zone sous son contrôle. La médiation turque avait conduit à la libération rapide de ces ressortissants, mais aussi à celle d'un, puis de deux otages parmi les onze pèlerins enlevés en mai 2012.

En janvier 2012, faute d'avancée, les familles de ces otages avaient tenté d'occuper l'agence de la Turkish Airlines à Beyrouth pour interpeller Ankara, qui soutient la rébellion syrienne, et aurait donc les moyens d'exiger leur libération. Mais depuis, plus rien, du moins jusqu'à l'enlèvement ce vendredi 9 août des pilotes de la Turkish Airlines.

Une embarrassante crise

Selon certaines informations, et même si l'administration turque garde le silence, des négociations étaient en fait en cours et auraient dû se conclure, en cette fin de ramadan, par de nouvelles libérations. Hier soir, un porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères a affirmé que la Turquie continuait à oeuvrer à la libération des otages libanais, sans autre détail.

Cette embarrassante crise montre, en tout cas, que, non seulement la Turquie contrôle de moins en moins ce qui se passe dans la région et notamment au sein de la rébellion syrienne pourtant sous sa coupe, malgré ses velléités de puissance régionale ; mais aussi que la crise syrienne n'a pas fini de s'exporter dans les pays voisins.

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