Avec notre envoyée spéciale à Majdal Anjar,
Dans une ruelle de Majdal Anjar, bourgade de la Bekaa proche de la frontière avec la Syrie, Moustapha, originaire de la vieille ville de Homs, ne cache pas son inquiétude. Ses frères, combattants rebelles, sont toujours sur place avec leurs familles. Selon leur récit, les quartiers insurgés vivent un véritable état de siège. « Il n'y a plus de nourriture, d'eau potable, ou d'électricité, tout est coupé, explique Moustapha. Le régime bombarde à distance, avec des obus et des roquettes. Il veut acculer les rebelles et raser la vieille ville de Homs pour s'en emparer. Pour le pouvoir, la bataille en cours est la plus importante. S'ils l'emportent, ils seront tranquilles, ils pourront relier la région de la côte, alaouite comme les Assad, à Damas. Après avoir pris Qousseir, le régime veut faire de la région d'Homs, à majorité sunnite, une nouvelle province, qui ne serait que pour les alaouites ».
Homs coupée en deux
Hajjar, également réfugiée de Homs, partage cette crainte que la ville, multiconfessionnelle, puisse être redessinée selon des critères communautaires. Selon elle, deux villes coexistent déjà à Homs. « Depuis un an et demi, raconte-t-elle, Homs s'est vidée de beaucoup de ses civils qui étaient contre le régime quand les terribles bombardements ont commencé. Il y a deux villes de Homs aujourd'hui : celle tenue par les rebelles, et celle des pro-régime. Chez eux, c'est le paradis, tout fonctionne. Je pleure quand j'entends les nouvelles de la nouvelle offensive, je pleure ! Les combats ne s'arrêteront pas ! »
L'opposition syrienne a demandé une trêve à Homs pendant le mois de ramadan, qui a débuté la semaine dernière. Mais à Majdal Anjar, les réfugiés n'y croient pas.