Avec notre correspondant et notre envoyé spécial au Caire,
Première étape prévue par ce calendrier : la formation de deux comités pour la rédaction de la Constitution. Le premier est composé d’experts juridiques, le second de représentants de la société. Ils ont quatre mois pour rédiger la Constitution, avant qu’elle ne soit soumise à référendum. Deux semaines plus tard, une fois qu’elle aura été acceptée, sera fixée la date des élections parlementaires. Dans six mois à compter d’aujourd’hui, les Égyptiens seront invités à une élection présidentielle.
Le calendrier annoncé par le président par intérim, Adly Mansour, est l’inverse de celui qui avait été adopté après la chute de Moubarak. A l’époque, les élections avaient été organisées avant la rédaction d’une nouvelle Constitution. Cette fois, il y aura référendum constitutionnel, et ensuite des élections , comme le réclamaient de nombreuses formations anti-Morsi.
Autre point important, Adly Mansour a précisé que l’article 2 de l’actuelle Constitution, qui fait de la charia la principale source de la législation, serait maintenu. Certains partis laïcs voulaient obtenir son abrogation, mais les autorités de transition veulent retrouver le soutien des formations islamistes qui ont accepté la feuille de route militaire. Celles-ci ont toutefois pris leur distance, après les violences de ce lundi. C’est le cas du parti salafiste al-Nour qui a claqué la porte des négociations sur la formation d’un gouvernement de transition.
Un président par intérim aux nombreux pouvoirs
En attendant, Adly Mansour détient le pouvoir législatif, et peut adopter des décrets-lois en accord avec le gouvernement. Un gouvernement dont il nommera les membres, du Premier ministre aux hauts responsables de l’État.
Le président par intérim a également le pouvoir de décréter l’état d’urgence pour trois mois, après approbation par le gouvernement. Le renouvellement de cet état d’urgence ne peut se faire qu’après approbation par référendum. Autre pouvoir, celui de déclarer la guerre, après consultation du Conseil suprême des forces armées et du Conseil de défense nationale.
Si l’Égypte a aujourd’hui un président intérimaire et connaît les prochaines échéances électorales, elle n’a toujours ni gouvernement ni Premier ministre. Ziad Bahaa el-Din, qui avait été pressenti pour occuper ce poste, a finalement refusé. La fonction va-t-elle revenir à Mohamed el-Baradeï, maintenant que les salafistes sont hors de la coalition qui voulait former le gouvernement ? Cela reste à voir. Al-Nour a annoncé ce mardi qu'il accepterait que l'ancien ministre des Finances, Samir Radouane, prenne la tête du gouvernement.
Nouvelle journée de contestation
Les Frères musulmans appellent leurs partisans à manifester massivement aujourd’hui au Caire et dans toute l’Egypte. Dans la capitale égyptienne, c’est donc devant l’université du Caire et devant la mosquée de Rabah qu’auront lieu les principales manifestations. C’est là, près du quartier général de la Garde républicaine, que plusieurs dizaines de militants islamistes ont été tués hier matin. A la suite de ces violences qu’ils considèrent comme un massacre, les Frères musulmans avaient appelé les Egyptiens à se soulever.
Mais concrètement, la stratégie des Frères musulmans et des pro-Morsi reste la même : occuper le terrain et gêner au maximum le processus de transition, en éloignant si possible de la feuille de route militaire les formations islamistes anti-Morsi.