Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti
Les versions sur l’origine de la confrontation sont divergentes. Les Frères musulmans affirment que l’armée et la police leur ont tiré dessus pour les chasser des abords du siège de la garde présidentielle. Le ministère de l’Intérieur indique que les forces de sécurité sont intervenues après que les manifestants ont grimpé sur les murs de la caserne et tiré sur les militaires.
Le bilan semble lourd. Dans une déclaration écrite, le Parti de la justice et de la liberté (PLJ), la vitrine politique des Frères, a avancé le chiffre de 35 morts. Une source médicale citée par la chaîne al-Jazira évoque le même chiffre, mais aucun bilan officiel n'a été pour l'heure établi.
Seule certitude, l’avenue Salah Salem qui mène à l’aéroport est occupée par les forces de l’ordre. Ces dernières ont rasé des murs qui avaient été construits par les islamistes qui l’occupaient. Des tirs sporadiques continuent de se faire entendre dans la matinée, ce lundi 8 juillet. Cette artère est située à moins de deux kilomètres de la grande manifestation des pro-Morsi place Rabaa al Adawiya.
Selon un responsable militaire, les militants pro-Morsi ont réussit, après ces violences, à capturer deux soldats. Embarqués de force dans une voiture, ils ont été poussés à faire des déclarations en faveur du président déchu et contre l'armée dans des haut-parleurs. L'un d'entre eux a été violemment battu, avant qu'ils n'arrivent à échapper à leurs ravisseurs.
Dans le même temps, les services de sécurité égyptiens ont fermé le quartier général des Frères musulmans, où ils affirment avoir découvert des armes. Selon la police, « des produits inflammables, des couteaux et des armes » ont été retrouvés.
Al-Nour quitte les négociations
Sur le plan politique, pour le moment, c’est l’impasse. Après avoir rejeté Mohamed el-Baradei, les salafistes du parti al-Nour ont signifié leur refus d'un second candidat, Ziad Bahaa el Din.
Ils se retirent à présent de la coalition qui a directement ou indirectement approuvé la destitution du président Morsi. C’est ce qu’a annoncé en début de journée ce lundi Nader Bakkar, le porte-parole d'al-Nour : « Nous voulions empêcher le sang de couler et voici que nous avons un fleuve de sang ».