Avec notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix
Abou Qatada a été transféré dans la nuit de samedi à dimanche de la prison de haute sécurité Belmarsh à la base de Northolt, à l’ouest de Londres, pour embarquer à bord d’un avion militaire à destination d’Amman.
Pour le gouvernement britannique, cette extradition nocturne discrète met fin à une humiliante saga judiciaire de près de dix ans, marquée par l’impuissance des autorités à convaincre les juges de renvoyer le prêcheur islamiste dans son pays. Pas moins de cinq ministres de l’Intérieur ont tenté, sans succès, de l’extrader avant que la ministre actuelle, Theresa May, n’y parvienne au terme d’une croisade personnelle qui l’a amenée à convaincre le gouvernement jordanien de signer un traité bilatéral fin avril.
Prêches anti-occidentaux, anti-Américains et antijuifs
Cet accord garantit que des preuves obtenues par la torture ne pourront pas être utilisées contre Abou Qatada lors d'un procès en Jordanie où les autorités veulent le juger pour la préparation d’attentats dans les années 1990. C’est à cette époque que l’imam d’origine palestinienne, aujourd’hui âgé de 53 ans, s’est enfui à Londres où il a obtenu l’asile. Mais ses prêches se sont très vite avérés extrêmement virulents, dirigés contre les occidentaux, notamment les Américains, mais aussi contre les juifs.
Depuis ce moment, Londres tente de s’en débarrasser et vient finalement d’y parvenir, mais uniquement parce qu’Abou Qatada a accepté de ne plus faire appel et de retourner volontairement dans son pays, où il espère retrouver rapidement la liberté.