Election présidentielle en Iran: la parole aux électeurs

A la veille de l’élection présidentielle qui doit trouver un successeur à Mahmoud Ahmadinejad, RFI donne la parole aux principaux concernées, les électeurs iraniens eux-même. Ils sont 50 millions et devront choisir entre 6 candidats triés sur le volet. La plupart sont des conservateurs. Quelles sont leurs attentes, leurs revendications, face à ce scrutin. Rencontres.

envoyée spéciale à Téhéran,

Bagher est père de famille. De classe moyenne , il vit à Ispahan et pointe le problème numéro 1 des Iraniens aujourd’hui : la hausse des prix. L’inflation est galopante (30% officiellement) et elle concerne surtout les produits de base. Cette hausse est dûe en partie aux sanctions économiques imposées par les Occidentaux face à l’intransigeance du régime iranien sur le dossier nucléaire.

Elle touche les Iraniens au quotidien, comme l'explique Bagher : « Nos revendications c’est que le prochain président aide les gens. Sur le plan économique surtout qu’il nous soutienne ! Tout est cher. La chose la pire, c’est que quand vous achetez quelque chose aujourd’hui, vous ne savez pas de combien ça va augmenter le lendemain. Mais vous pouvez être êtes sûr que ça va augmenter ! »

Pas de solutions face à l'inflation

Du côté des candidats, il y a ceux qui évoquent le problème, sans vraiment proposer de solutions. Et ceux qui n’en parle quasiment pas, comme Saïd Jalili qui estime en substance que «le programme nucléaire iranien vaut bien quelques sacrifices».

Mais le futur président devra bien lâcher du lest face aux Occidentaux, s’il veut obtenir un allègement des sanctions, et donc permettre à son pays de respirer un peu au niveau économique.

L'autre plaie de l'Iran : le chômage

Amin, professeur dans le Lorestan, une province du sud de Téhéran, met en évidence l'un des problèmes majeurs du pays: le chômage. Il observe : « notre pays est un pays jeune, et avant tout le futur président doit s’occuper des problèmes des jeunes. Le principal  c’est le chômage. Après quand on trouve un travail on peut se débrouiller, le logement, le mariage, tout est résolé si l'on trouve un travail ».

Il faut dire que le chômage en Iran est estimé à 15-20% de la population active et touche particulièrement les jeunes. Qui sont obligés de faire des petits boulots au noir pour s’en sortir. Il y a la crise économique, certes, mais aussi la corruption, dénoncée par beaucoup de jeunes diplômés qui ne trouvent pas de travail s’ils n’ont pas d’appui. Chômage + inflation, un cocktail explosif qui pourrait à nouveau faire descendre les Iraniens dans la rue. Même si pour l’instant le régime réprime toute velléité de contestation.

«S'habiller comme on veut !»

Le manque de liberté c’est ce que veut dénoncer Sarah, 21 ans, étudiante à l’université de Téhéran. Elle pointe le rôle de la femme en Iran et voudrait du changement : « Il faut tout changer pour avoir la liberté de s’habiller comme on veut, de travailler, de s’exprimer, il y a tout le temps des restrictions Dès qu’on commence à comparer avec les autres pays, on voit bien que nous sommes beaucoup plus restreints. Par exemple, sur les vêtements il y a des milices qui viennent te contrôler. Il faut tout le temps faire attention à ce que tu portes et à la façon dont tu mets ton foulard. Elles contrôlent si ton manteau est conforme, si tu as du vernis à ongle, si tu es maquillée .C’est très difficile »

Répression et abstention des jeunes

Il y a quatre ans, lors de la Révolution verte qui a suivi l’élection de Mahmoud Ahmadinejad, soufflait un vent de liberté. Bien vite réprimé. Les opposants ont été arrêtés ou réduits au silence. Les gens ont peur de protester.

Mais il y a aussi un fatalisme, chez les jeunes notamment qui ne croient pas en une nouvelle révolution, ni en des réformes. Les candidats à la présidentielle sont pour la plupart des conservateurs proches du guide suprême. C'est pour cela que beaucoup de jeunes n’iront pas voter demain et ils ne rêvent que d’une seule chose ; partir à l’étranger pour y trouver un avenir meilleur.

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