Iran: internet sous contrôle renforcé à la veille de la présidentielle

L'Iran est classé parmi le Top 5 des pays «ennemis d’internet», par l’organisation Reporters sans frontières (RSF). Alors que l'élection présidentielle aura lieu dans deux jours, le pouvoir reste très vigilant et resserre toujours un peu plus la vis sur l'accès à Internet.

Avec notre envoyée spéciale à Téhéran, Murielle Paradon

Il y a quatre ans, lors de la dernière élection présidentielle, les jeunes s’étaient servis massivement des réseaux sociaux lors du mouvement social né à la suite du précédent scrutin. Avant le printemps arabe, les Iraniens étaient les premiers à se servir de ces technologies pour faire passer leurs idées.

Depuis que cette vague de contestation a été étouffée dans la violence, c’est une chape de plomb qui s’est abattue sur internet. Les géants du secteur, Facebook et Twitter, n’y sont d’ailleurs pas autorisés.

En Iran, si l'on veut consulter un site en passant par Google, la page est bloquée, et l'internaute dirigés sur des sites autorisés uniquement. Bien sûr, il faut également compter avec les ralentissements intempestifs du réseau lorsqu’une information potentiellement sensible circule.

Comment surfer tout de même sur le net ?

Les internautes désirant un web plus libre essaient de contourner les interdits. Ils utilisent des serveurs proxy ou des réseaux virtuels privés, les VPN, pour se domicilier virtuellement à l’étranger et avoir accès librement à la toile. Cela leur permet, notamment, de protéger leurs envois de mails.

Les Américains ont annoncé, fin mai, qu’ils levaient partiellement l’embargo sur les équipements informatiques, en exportant des smartphones et des logiciels pour permettre aux Iraniens d’avoir accès plus facilement à internet. Le tout dans le but quasiment avoué de peser sur la présidentielle.

Toutefois, les autorités iraniennes peuvent décider à tout moment de ralentir le débit des connexions. Dans ce cas là, certains de ces logiciels ne fonctionnent pas.

La presse étrangère sous surveillance

En mai, deux sites en lignes ont été fermés, et des journaux ont reçu des avertissements. Motif invoqué par le Guide suprême : « Les médias doivent encourager la population à choisir correctement leur président et ne pas raconter n’importe quoi ».

La presse étrangère est également sous surveillance. Les journalistes occidentaux qui ont pu obtenir un visa pour couvrir ces élections sont obligés de loger dans le même hôtel, et utilisent la connexion internet fournie par des agences officielles, avec lesquelles ils sont obligés de travailler. Le ministère de la Culture et de l’orientation islamique, qui fait office de ministère de l’Information, a même installé ses quartiers dans l’hôtel en question, pour la durée de l’élection.

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