Bachar el-Assad avait vraiment la volonté d'afficher une impression de calme, d'assurance et même une certaine forme d'ironie et de mépris à l'encontre de l'opposition syrienne. Le président syrien qui se dit prêt à aller à Genève, mais sans renoncer à l'essentiel : il écarte d'emblée l'idée de céder le pouvoir.
Il évoque simplement la possibilité de se représenter à l'élection présidentielle de 2014. Le fait nouveau, c'est qu'il évoque un possible référendum qui pourrait être organisé à l'issue de la conférence de Genève, non pas sur son maintien au pouvoir, mais sur d'éventuels changements de la Constitution qui seraient proposés à l'issue de cette conférence de paix.
Sur la situation régionale, Bachar el-Assad a longuement parlé d'Israël, et d'éventuelles représailles à l'encontre de l'Etat hébreu en cas de nouveaux raids aériens. « Il y a une pression populaire, a-t-il dit, pour ouvrir le front du Golan. » Par ces mots, le président syrien met en garde Israël bien sûr, mais il rend également service au Hezbollah, le mouvement libanais qui justifie son intervention en Syrie par la nécessité de contrer l'Etat hébreu.
Le Hezbollah aux côtés des soldats syriens
Sur le terrain, en Syrie, la bataille de Qousseir dure maintenant depuis une dizaine de jours. Jeudi, Bachar el-Assad a confirmé l'engagement de combattants du Hezbollah aux côtés des soldats syriens. Un message adressé, en partie, à la population libanaise, et en particulier à la communauté chiite du pays puisque l'interview a été accordée à la chaîne de télévision du Hezbollah.
Bachar el-Assad se dit confiant dans la victoire à Qousseir, qui serait une question de jours désormais. Il reconnait l'intervention du Hezbollah. C'est d’ailleurs la première fois qu'il le fait officiellement, mais il affirme que le soutien militaire du Hezbollah se limitera à la ville de Qousseir et à la zone frontalière. Autrement dit : l'armée syrienne est assez puissante pour se débrouiller seul dans le reste du pays. C'est également un message de fermeté et de force militaire que Bachar el-Assad a voulu envoyer lors de cette intervention.
Sur le dossier des missiles que la Russie devrait livrer aux Syriens, les journaux russes démentent, ce vendredi 31 mai, ce que le président Bachar el-Assad laissait entendre lors de son interview : les Russes n’auraient pas encore livré de missile sol-air S-300 à la Syrie. (Voir encadré)
Deraa, le front du sud syrien
Deraa, c'est la ville du sud de la Syrie où a commencé la révolution il y a plus de deux ans maintenant. Aujourd'hui, de nombreux Syriens fuient en direction de la Jordanie, toute proche. Car à Deraa, les combats ont redoublé d’intensité ces dernières semaines.
Selon Antoine Foucher, chef de mission en Jordanie pour Médecins sans frontières (MSF), « il y a eu une avancée assez importante des forces de l’opposition sur le mois dernier. Puis il y a eu une contre-offensive gouvernementale, notamment pour reprendre des axes qui mènent à Deraa. D’après les témoignages qu’on a pu avoir, les combats ont été extrêmement difficiles, extrêmement durs et ont produit de nombreux blessés. Ce qui rend bien compte d’une situation extrêmement tendue à l’intérieur. »
MSF a aussi recueilli le témoignage de médecins syriens qui travaillent à Deraa. Mégo Terzian, responsable des urgences au sein de l'ONG, revient de Syrie. « On est en contact avec certains médecins syriens qui osent continuer leur travail dans des structures clandestines, confient-ils. Ils ont des difficultés en termes de ressources humaines, d’approvisionnement de médicaments et du matériel médical. Ils n’ont ni électricité ni eau de qualité, ce qui complique leur tâche. »
MSF a tenté d'envoyer une équipe sur Deraa mais elle a dû rebrousser chemin, en raison de la violence des combats.