Avec notre correspondante à Amman, Angélique Ferat
Ses six enfants et son épouse sont désormais en sécurité en Jordanie. A 35 ans, avec sa barbe et ses yeux bleus, Abou Khlaif a l’air d’un tout jeune homme. Depuis deux ans, il aide les combattants, dit-il. Il transporte des armes, de la nourriture, bricole ce qui peut l’être au nord-est de Deraa, dans cette zone où les combats font rage actuellement.
« Le régime veut reprendre le contrôle du Sud. Il nous faudrait des armes pour lutter contre les avions. Nous n’avons que des armes légères. Des armes chimiques ? Non, dit il, je n’en ai pas vu. Mais le message est passé. Il faut s’y préparer ».
Des villages autour du sien ont connu des attaques ponctuelles avec des gaz. « On utilise des canettes, on les découpe, on perce des trous, on met du coton, de la poudre de charbon, et encore une couche de coton, on entoure tout ça de coton pour ne pas nous couper la bouche. Et on attache autour de la tête. Les autres milices nous ont dit que ça marchait, mais bon, en fait, je ne sais pas. »
De la conférence Genève II, cette conférence internationale prévue en juin, en Suisse, il n’attend rien. Elle devrait réunir autour d’une même table opposition et régime syrien pour préparer un gouvernement de transition.
Abou Khlaif sourit d’un air triste. « Vous croyez vraiment que nous pouvons diriger la Syrie avec ceux qui ont tué nos enfants et qui ont détruit nos maisons ? Je ne crois pas ! », s'exclame-t-il.