Pour Moscou, l'organisation de cette conférence de paix présente une série d'avantages considérables. D'abord, elle remet les diplomates russes au centre du jeu car ce sont eux qui ont obtenu l'accord de principe de Damas à une éventuelle participation. Ensuite, elle lui permet de faire preuve d'activisme sur le dossier syrien, alors que la communauté internationale lui reprochait de laisser pourrir la situation.
Le pari est doublement gagnant puisque, sur le terrain, le rapport de force militaire penche depuis le début du mois de mai en faveur de l'armée syrienne, désormais soutenue directement par le Hezbollah libanais.
Washington cède du terrain
Moscou revient donc au centre du jeu et le fait sans même avoir remis en cause les fondamentaux de sa politique syrienne. Ainisi, la livraison de nouveaux missiles à Damas aura lieu comme prévue, malgré les mises en garde répétées d'Israël.
De même, la Russie se montre inflexible sur la question du maintien au pouvoir de Bachar el-Assad et sur ce point, ce sont les Etats-Unis qui semblent céder du terrain. Depuis quelques semaines, Washington se montre beaucoup moins déterminé que par le passé à obtenir un départ immédiat et sans conditions du président syrien.
L'Union européenne ne parvient pas à trouver de position commune
Par ailleurs, à Bruxelles, les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne ne sont pas parvenus à se mettre d’accord sur la question de la livraison, ou non, d’armes aux rebelles syriens. « Il n'y a pas d'accord », a indiqué le Français Laurent Fabius, ce lundi en fin d’après-midi, à l’issue de la réunion, alors q'uil s'apprêtait à se rendre à Paris pour assister à la réunion avec John Kerry et Sergueï Lavrov.
Le débat sur l’embargo de la livraison d’armes à la Syrie a plongé les Européens dans une impasse, dont ils ont tenté de sortir aujourd’hui. En novembre, ils avaient décidé de reconduire l’embargo pour des périodes de trois mois, dont la plus récente arrive à échéance ce vendredi 31 mai. Pour le Royaume-Uni et la France, c’était le moyen de renouveler les négociations régulièrement, dans l’espoir d’obtenir de leurs partenaires européens la possibilité d’armer l’opposition.
Mais de profondes divisions persistent avec l’Autriche, le Luxembourg, la Suède et la Finlande, qui restent farouchement opposés à cette livraison d’armes, craignant qu’elles ne renforcent les jihadistes.
Entre les deux, certains - dont l’Allemagne et l’Italie - semblaient prêts à accepter un compromis, qui passerait, par exemple, par des livraisons soumises à des garanties sur les destinataires réels des armes. Certains sont partisans d’une autorisation limitée à certains types d’armement ou encore à une levée de l’embargo uniquement en cas d’échec des négociations.
Le ministre britannique avait prévenu qu’en cas d’échec, chaque pays serait libre de décider seul, puisque l’embargo ne peut être renouvelé qu’à l’unanimité des vingt-sept. Mais tous craignent ici que cette absence de décision n’obère par avance les négociations de Genève II.
« Syrie : faut-il vendre des armes aux rebelles ? » sera le thème du « Débat du Jour », ce lundi 27 mai, à 19h40, heure de Paris, sur RFI.