La ville stratégique de Qousseir contrôlée presque totalement par l’armée syrienne

Les troupes syriennes sont entrées le dimanche 19 mai au matin à Qousseir, dans la province de Homs (centre). Une ville qui résistait au régime depuis un an ; mais, dans la soirée du dimanche, l'armée a affirmé contrôler presque la totalité de la ville stratégique, située sur l'axe reliant Damas au littoral.

Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh

L’offensive de l’armée syrienne contre Qousseir a été précédée d’un violent pilonnage à l’artillerie et d’intenses raids aériens. L’infanterie, appuyée par des chars, a ensuite commencé sa progression à partir de trois axes.

Après des heures de combats féroces, les troupes régulières ont atteint le centre-ville et ont occupé le siège de la mairie pour pénétrer ensuite dans les autres quartiers.

En fin de journée, les combats se sont concentrés dans la partie nord de la ville, dernier secteur encore sous contrôle de l’opposition. De nombreux rebelles se sont repliés vers l’aéroport militaire de Dayaa, à quelques kilomètres de Qousseir, une de leurs dernières positions dans la région.

Les combats auraient fait des dizaines de morts dans les rangs des rebelles, dont des jihadistes étrangers, selon la chaîne de télévision libanaise Al-Manar du Hezbollah.

L’opposition armée a accusé le Hezbollah d’avoir joué un rôle important dans cette bataille. En représailles, les rebelles ont tiré sept roquettes qui se sont abattues en territoire libanais, sans faire de victime.

Qousseir, une ville clé

La prise de Qousseir par l’armée syrienne constitue un revers de taille pour les rebelles. Cette ville, située dans le centre de la Syrie, contrôle en effet un axe routier stratégique qui dessert toutes les régions du pays.

Désormais, il sera très difficile pour l’opposition de recevoir des renforts en hommes et en matériel à partir du Liban.

Selon le chercheur David Rigoulet-Roze, l’offensive est la preuve du caractère stratégique de Qousseir pour le régime. « C’est un réseau de communication qui permet de relier Damas au littoral. Il est dans une stratégie de consolidation des axes qui lui permettent de tenir un éventuel réduit alaouite dans le pire des cas. La bataille de Qousseir est essentielle parce qu’elle constitue un cordon ombilical entre le Hezbollah libanais et la Syrie. »


L'opposition sur le reculoir. Les forces de l’opposition démentent pourtant que l’armée soit présente dans le centre-ville. En revanche, les rebelles ont confirmé dans la nuit de dimanche à lundi que les soldats loyalistes et les forces supplétives du Hezbollah les bombardent depuis plusieurs fronts.

Autre information démentie par les insurgés, celle d’un corridor humanitaire qui aurait été mis en place au nord-est par l’armée pour permettre à la population de fuir les combats. L’opposition parle d’un siège étouffant mis en place par le régime syrien et le Hezbollah.

Selon les derniers témoignages, la ville serait toujours privée d’électricité et d’eau. Les familles des Qousseir, dont beaucoup comptent des sympathisants des rebelles, n’osent pas sortir de la ville de peur des représailles. Le Conseil national syrien, principal composant de l’opposition, a appelé à une réunion urgente de la Ligue arabe pour arrêter le massacre.

Enfin, l'Observatoire syrien des droits de l'homme a affirmé ce lundi 20 mai qu'au moins 23 combattants des forces spéciales du mouvement chiite libanais Hezbollah sont morts, dimanche, dans les combats de Qousseir.

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