Syrie: l’impossible équation de la Conférence de paix internationale

La Conférence de paix sur la Syrie paraît toujours aussi difficile à mettre en place, alors qu’un dernier bilan de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) fait état de plus de 94 000 victimes en deux ans. Une semaine après l’annonce par les Etats-Unis et la Russie d’une initiative commune pour mettre sur pied la conférence, on ne sait toujours pas quand, ni comment, elle sera organisée.

Qui veut réellement de la Conférence de paix sur la Syrie promise par Moscou et Washington à l’issue de la rencontre, le 8 mai dernier, entre John Kerry, le secrétaire d’Etat américain et Vladimir Poutine, le président russe ? A en juger par les dernières déclarations des parties intéressées, pas grand monde.

Régime et opposition réticents

Du côté du régime syrien, après avoir salué dans un premier temps l’initiative russo-américaine, on demande à présent des « détails » sur l’organisation de cette conférence, avant de se prononcer sur une éventuelle participation. Pour le ministre syrien de l’Information, Omran Zoabi, cité par l’agence de presse Sana, Damas ne participera de toute façon à aucune initiative « qui nuirait directement ou indirectement à sa souveraineté ».

Du côté de l’opposition, on se montre encore plus réticent, repoussant au 23 mai prochain une prise de position officielle. « Il est encore trop tôt pour décider de notre participation, car les circonstances de cette conférence ne sont pas claires », affirme ainsi George Sabra, chef par intérim de la Coalition de l’opposition. « Il n’y a pas encore d’agenda ou de calendrier et la liste des Etats participants et de leurs représentants n’a pas été annoncée. »

L’option diplomatique des Etats-Unis

Si les principaux intéressés se montrent prudents, voire sceptiques, John Kerry fait preuve, lui, d’un optimisme à toute épreuve. Pour le secrétaire d’Etat américain la conférence devrait avoir lieu début juin, et des contacts sont pris avec les chancelleries concernées en vue d’établir un ordre du jour et la liste des participants. John Kerry est confiant, mais le chef de la diplomatie américaine aura du mal à dissiper le flou qui a entouré sa visite à Moscou, et les déclarations qui ont suivi son entretien avec Vladimir Poutine quant à l’avenir de Bachar el-Assad.

En omettant de demander un départ immédiat, et sans condition, du président syrien, le chef de la diplomatie américaine a semé le doute, et provoqué la colère de l’opposition syrienne.

« Nous sommes stupéfaits par la position américaine », a ainsi confié à RFI Monzer Makhous, représentant de l’opposition syrienne à Paris. « Les Etats-Unis se sont inclinés devant la Russie. Actuellement, ce que nous constatons c’est que les Russes ont réussi à imposer leur vision de la situation. »

Aux Etats-Unis, l’attitude conciliante affichée par John Kerry à Moscou est analysée comme une volonté de donner une nouvelle chance à la diplomatie. Même vouée à l’échec, une nouvelle tentative de dénouement politique de la crise aurait ainsi l’avantage de faire oublier les hésitations de Barack Obama dans le dossier syrien, et d’éclipser le débat sur les livraisons d’armes.

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