Pour Tzipi Livni, également en charge des négociations avec les Palestiniens, « il n’y a pas lieu d’en faire un drame ».
Mercredi 8 mai 2013, la ministre de la Justice israélienne était à Rome en Italie où elle a rencontré le secrétaire d’Etat américain. Selon elle, John Kerry est déterminé à faire avancer le processus de paix.
Mais au moment de leur réunion, la nouvelle de la reprise de la colonisation n’avait pas encore été annoncée. Un peu plus tard, Tzipi Livni a dû en informer l’administration américaine. « Ils ont écouté mais n’ont pas réagi », a-t-elle expliqué tout en minimisant l’impact des projets de colonisation.
Mais la réaction américaine - certes tardive - a bien eu lieu, et le jeudi 9 mai, le porte-parole adjoint du département d'État a jugé « contre-productive » la décision du gouvernement israélien, ajoutant qu' « une Palestine indépendante doit être viable, avec de véritables frontières qui doivent être dessinées. »
« Benyamin Netanyahu a trompé tout le monde »
L’organisation non gouvernementale « La paix maintenant » déclare quant à elle avoir été trahie. Dans un communiqué rendu public ce jeudi 9 mai, elle se dit trompée par le double jeu mené par le Premier ministre israélien. « D’un côté, il laisse croire qu’il freine la colonisation et de l’autre il autorise le lancement d’un énorme projet de construction », regrette Melanie Robbins, porte-parole de cette organisation israélienne opposée à la colonisation.
Une fois sortis de terre, ces trois cents logements seront attribués à des colons juifs. En juin 2012, ils s’étaient installés sans autorisation dans un quartier de Beït El. Quelques jours plus tard, ils avaient finalement accepté de quitter les lieux sans provoquer d’incidents mais avaient tout de même réussi à négocier un accord : ils ont arraché aux autorités israéliennes la promesse d’un relogement.
Ce jeudi, la première étape de ce projet a été validée. Sur le terrain, les engins de chantier n’ont pas encore fait leur apparition mais cette situation risque certainement de saper les efforts américains.
« Israël veut saboter le processus de paix »
« Il n’y a pas de doute, Israël met tout en œuvre afin de saboter et de ruiner les efforts de l’administration américaine pour relancer le processus de paix », estime le négociateur palestinien Saeb Erakat.
Pourtant, ces derniers mois les Palestiniens se croyaient à l’abri d’une mauvaise surprise. Pour eux, les projets de colonisation étaient bel et bien à l’arrêt.
En mars 2013, le secrétaire d’Etat américain a personnellement demandé au Premier ministre israélien de « restreindre » la construction. Benyamin Netanyahu avait fait mine d’accepter, il l’avait même déclaré publiquement. Mais ce jeudi, à la surprise générale, le porte-parole de l'administration militaire israélienne a donné son accord pour la construction de ces nouveaux logements.
L’enjeu de la colonisation israélienne
Si côté palestinien le gel de la colonisation est la condition à la reprise des négociations de paix, côté israélien c’est la suspension par l’autorité palestinienne de toute démarche d’adhésion à des organisations internationales qui est posée comme préalable.
L’objectif pour Israël est d’éviter que la Palestine accède au statut d’Etat et finisse par devenir membre d’instances judiciaires susceptibles de poursuivre l’Etat hébreu pour des actes de colonisation.
Aux yeux de la communauté internationale, toutes les colonies, même celles autorisées par le gouvernement israélien, sont illégales. Seulement, tant que l’autorité palestinienne n’est pas officiellement reconnue par les Nations unies, cette dernière reste impuissante. Les portes des cours internationales lui sont fermées.
Mais la situation pourrait bientôt changer. Depuis novembre 2012, la Palestine est devenue un pays observateur à l’ONU.
Désormais, l’enjeu pour Israël est de construire le maximum de logements tant que les Palestiniens sont privés de leurs droits.
Aujourd’hui, plus de 360 000 colons israéliens vivent en Cisjordanie occupée et quelque 200 000 dans des quartiers de colonisation à Jérusalem-Est.