Le raid aérien au nord-ouest de la capitale syrienne avait pour cible une cargaison de missiles fournis par l'Iran et destinés, selon Tel-Aviv, au Hezbollah. La frappe, comme en janvier dernier, avait pour objectif de couper le système de ravitaillement en armes du mouvement chiite libanais.
La crainte d'Israël : l'armement du Hezbollah libanais
Selon des analystes à Beyrouth, en pleine escalade du conflit syrien, l'Iran et le Hezbollah, qui soutiennent le président Bachar el-Assad, ont tout intérêt à doter le Hezbollah de systèmes d'armes sophistiqués en cas de chute du régime. Si le président syrien venait à quitter le pouvoir pour se réfugier à proximité de la vallée de la Bekaa, une région sous contrôle du Hezbollah, ce mouvement deviendrait un puissant allié d'Assad.
L'Etat hébreu a, de son côté, maintes fois prévenu qu'il ne laisserait pas le Hezbollah se fournir en armements qui pourraient changer la donne et constituer une menace pour sa sécurité. Le raid effectué samedi 4 mai visait lui aussi des réserves de missiles. Entre autres, des Fateh 110, de fabrication iranienne, capables d'atteindre Israël, selon des sources anonymes américaines.
Ce dimanche 5 mai, Téhéran s'engouffre dans la brèche pour condamner l'attaque israélienne et marquer son soutien au régime syrien. L'armée iranienne s'est dite prête à aider l'armée syrienne, sans toutefois participer activement aux opérations.
Damas accuse Israël de faire le jeu de la rébellion
La Syrie a répondu par deux biais différents : d'abord avec un communiqué du gouvernement lu par le ministre de l'Information, ensuite avec une lettre adressée au Conseil de sécurité de l'ONU. Le régime syrien, dans ces déclarations, accuse Israël de fournir avec cette opération un appui militaire direct aux groupes rebelles, et notamment à al-Nosra. Et il met en garde la communauté internationale contre les conséquences que pourraient avoir ces raids aériens. « La situation dans la région est devenue plus dangereuse après cette agression », a notamment déclaré le ministre de l'Information, ajoutant que « cette agression ouvre la voie à toutes les possibilités ». Cette phrase est particulièrement inquiétante puisqu'elle laisse entendre que la Syrie pourrait répondre aux frappes israéliennes.
Sur le fond, Damas accuse donc Israël de faire le jeu de la rébellion, et de soutenir ses éléments les plus radicaux, en utilisant le prétexte des livraisons d'armes au Hezbollah. Au passage, le régime syrien dément l'existence de ces livraisons d'armes. C'est pourtant le principal motif avancé par les les Israéliens pour justifier, de façon officieuse bien sûr, les opérations menées depuis 48h.
Israël semble parier sur le fait que le régime de Bachar el-Assad est désormais trop faible militairement et économiquement pour s'engager dans un conflit régional et qu'il a les mains liées par la guerre civile. Israël estime donc qu'il est possible de mener ces frappes sans risquer de voir la Syrie réagir autrement que par la voie diplomatique.
Quel risque de représailles aux frappes israéliennes ?
Dans l'immédiat, le risque de représailles à l'encontre d'Israël viendrait plutôt du Hezbollah. La milice chiite est de plus en plus impliquée dans le conflit syrien, au côté de Bachar el-Assad. Mardi dernier, Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, a d'ailleurs prévenu qu'il ne permettrait pas la chute du régime de Damas.
C'est donc du Liban et du Hezbollah que le danger le plus grand pourrait venir pour l'Etat hébreu. C'est sans doute pour cette raison que des systèmes de défenses antimissiles supplémentaires ont été déployés ces derniers jours, près de la frontière avec le Liban.
Malgré cette précaution, Israël ne semble pas croire à des représailles de grande ampleur, comme le montre le fait que la visite en Chine de Benyamin Netanyahu n'ait pas été annulée, mais simplement retardée de quelques heures.