Avec notre envoyé spécial à Ankara, Jérôme Bastion
Ce n’est pas souvent que l’on entend parler en Turquie des Syriaques, un peuple qui avait quasiment disparu à force de persécutions depuis plus d’un siècle. Mais leur récent retour en grâce, et la situation de crise en Syrie, ont inspiré cette réunion tout à fait inédite sur le thème de la paix entre la Turquie et les Syriaques.
« Cette conférence d’aujourd’hui, qui s’intéresse au sort des Syriaques de Syrie, est une première entre les Syriaques de Turquie et ceux de Syrie, explique Tuma Çelik, directeur du jeune mensuel bilingue Sabro et initiateur du projet. Il y a un lien très étroit. C’est pourquoi les faire venir ici, et même les aider à rester si certains d’entre eux le veulent, c’est à la fois humain et juste. »
Invité d’honneur de cette conférence, le vice-président du Parti de la justice et du développement au pouvoir (l'AKP), Numan Kurtulmus, estime prématurée l’idée que ces réfugiés syriaques puissent s’installer, voire réintégrer leur nationalité d’origine.
« Une bonne partie d’entre eux réside déjà dans la région syriaque de Turquie, affirme-t-il. Enfin, quand je dis "réside", je veux dire qu’ils sont accueillis comme réfugiés. Et s’ils demandaient de rester ? Cela, nous verrons le moment venu ! Pour l’instant, nous accueillons sur notre territoire tous les Syriaques qui le désirent, mais comme réfugiés. C’est un devoir humanitaire. »
Fin juin, le camp de Midyat pourra accueillir quelque 2 000 réfugiés syriaques et pourra être étendu. Mais certains ont déjà demandé à redevenir citoyens turcs.