Egypte: le président Morsi soumet à al-Azhar la loi sur les obligations islamiques

En Egypte, le président Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, a envoyé à la Grande mosquée d’al-Azhar pour approbation un texte de loi autorisant le Trésor à émettre des «sukuk», la version islamique des obligations. Le texte qui avait été approuvé par le Sénat n’attendait pourtant que le feux vert du président pour être effectif.

Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti

Un président Frère musulman qui désavoue un Sénat dominé par les Frères musulmans. Une contradiction révélatrice du climat de confusion politique dans lequel est plongé l’Egypte depuis le mois de novembre.

En renvoyant le texte devant les ulémas (en arabe, les savants) de la Grande mosquée d’al-Azhar, le président a voulu respecter la Constitution. Une Constitution rédigée par une assemblée dominée par les Frères musulmans et contestée par l’opposition laïque, et qui stipule que toute loi liée à la charia islamique doit être révisée par les ulémas d’al-Azhar.

Ces derniers ont rejeté un projet de loi sur les « sukuk » islamiques, estimant que la loi était contraire aux principes de l’islam puisqu’elle hypothéquait des biens appartenant à l’ensemble de la communauté. Le Sénat a décidé de contourner l’objection en enlevant le qualificatif « islamique » aux sukuk. Mais cette fois, c’est le président qui a décidé de ne pas courir le risque de voir la loi invalidée par la cour administrative comme cela a été le cas pour la loi électorale.

Il a donc décidé d’envoyer la loi devant la grande mosquée d’al-Azhar, même si les fameux « sukuk » ne sont plus islamiques.

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