Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti
Cette décision de la justice égyptienne est perçue comme un camouflet pour le président Morsi, qui avait fait le forcing pour faire adopter cette loi le plus vite possible. Beaucoup estimaient qu'elle était bâclée. Mohamed Morsi voulait éviter de tomber à la mi-juillet sur le mois de ramadan qui est le mois de jeûne et où la tenue d'élections est très difficile. Et pour le Front du salut national, cette décision tombe d’autant mieux que le Front avait décidé de boycotter ces élections parce que la loi était jugée comme défavorable à l’opposition, notamment en ce qui concerne le découpage électoral.
Une bonne nouvelle pour les Frères musulmans
Les Frères musulmans perdaient du terrain à l’approche du scrutin. Ils étaient même en chute libre. Et lors des élections qui se sont terminées mercredi 6 mars pour les universités, c’est-à-dire les unions d’étudiants dans toutes les universités publiques égyptiennes, les Frères musulmans ont perdu pratiquement les trois quarts des sièges. L’année dernière, ils détenaient une majorité écrasante de ces sièges.
Ce sont des élections qui ne reflètent pas forcément la nature de l’électorat égyptien puisque ce sont quand même des étudiants, mais qui reflètent cette perte de vitesse. D’ailleurs, des réalistes dans le camp des Frères musulmans se disent peut-être qu’à chaque chose malheur est bon. Cela leur permet en effet de continuer à contrôler l’exécutif puis le législatif via le Sénat, où ils ont la majorité absolue et n’ont même pas besoin des salafistes pour imposer leurs lois. Une majorité qu’ils pourraient très difficilement réaliser lors de nouvelles élections.