Obama au Moyen-Orient pour «écouter»

Pour la première fois depuis son arrivée à la Maison blanche, Barack Obama entame ce mercredi 20 mars une visite au Proche-Orient. Côté israélien, il tentera de dissiper les malentendus qui ont marqué son premier mandat. Côté palestinien, le président américain risque de décevoir davantage, sur fond de paralysie totale du processus de paix.

Unbreakable Alliance, « Alliance indestructible » : c’est le nom que les Israéliens ont donné à la visite officielle de Barack Obama. Le drapeau américain flotte dans les rues de Jérusalem. Le programme officiel du président américain comprend une visite au Musée d’Israël, des cérémonies de recueillement au Mémorial de la Shoah de Yad Vashem et sur la tombe du Premier ministre israélien assassiné Yitzhak Rabin…

Mais au-delà des symboles, Américains et Israéliens doivent aborder des sujets particulièrement brûlants, à commencer par l’Iran. Face aux progrès nucléaires de la République islamique, les Etats-Unis et Israël sont d’accord sur le fond : pas question de laisser Téhéran se doter de la bombe.

L'Iran, principal sujet de préoccupation

Mais les deux alliés ne sont pas forcément d’accord sur le calendrier, sur les fameuses « lignes rouges ». C’est ce qui alimente la crainte d’un scénario catastrophe, qui verrait Israël lancer une attaque préventive sur l’Iran. « Ce que les Etats-Unis feront ou ne feront pas vis-à-vis de l’Iran, ce n’est pas forcément pour Israël, c’est dans leur propre intérêt », affime Danny Ayalon, ancien vice-ministre des Affaires étrangères israélien.

Selon cet ancien ambassadeur israélien à Washington, la visite de Barack Obama va permettre de « réaffirmer catégoriquement l’opposition des Etats-Unis à un Iran nucléaire et répéter que toutes les options sont sur la table. Cela a déjà été dit mais je suis sûr que le président américain va le dire clairement et publiquement ici à Jérusalem. Et j’espère que cela résonnera d’une façon nouvelle jusqu’à Téhéran… »

La difficile relation Obama-Netanyahou

Outre l’Iran, Israéliens et Palestiniens évoqueront également la situation en Syrie, pays qui partage une frontière avec l’Etat hébreu. Le dialogue sur ces questions stratégiques aura lieu entre deux hommes qui ne s’aiment pas.

« Benyamin Netanyahu a fait comprendre qu’il soutenait Mitt Romney contre Barack Obama », rappelle le politologue israélien Ilan Greilsammer, qui souligne toutefois que les deux hommes n’ont d’autre choix que de travailler ensemble. D’autant que le président américain n’en est qu’aux débuts de son second mandat, et que Benyamin Netanyahu et son nouveau gouvernement viennent à peine de prêter serment.

Déceptions palestiniennes

Jeudi 21 mars, Barack Obama se rendra à Ramallah, siège de l’Autorité palestinienne, pour y rencontrer Mahmoud Abbas. Vendredi il sera à Bethléem, également en Cisjordanie. Une poignée d’heures seulement en territoires palestiniens.

D’où la frustration exprimée par le député palestinien indépendant Mustapha Barghouti, qui aurait aimé que Barack Obama aille « à Hébron par exemple, pour y voir le système de ségrégation qui saute aux yeux, entre les colons israéliens et les Palestiniens. J‘avais espoir qu’il voit la discrimination dans la vie quotidienne : de quelle façon les Palestiniens sont privés d’eau. J’avais espoir qu’il voit la ségrégation sur les routes, qui soit dit en passant n’a jamais existé du temps de la ségrégation aux Etats-Unis. »

Barack Obama a dit qu’il venait au Proche-Orient pour « écouter ». Côté palestinien, on redoute donc que la passivité l’emporte. D’autant que dans le monde arabe, Barack Obama reste l’homme des espoirs déçus, après le discours du Caire en 2009, dans lequel il déclarait notamment que la colonisation israélienne devait cesser.

« Il vient les mains vide », se désole le politologue palestinien Amjad Shihab de l’Université d’Hébron. « Alors que les Etats-Unis sont le seul pays capable de faire pression sur Israël, cette fois il n’y a même pas de promesses », poursuit-il.

Dans ce contexte, on guettera les annonces lors de cette visite. Déblocage de l’aide financière américaine aux Palestiniens gelée depuis des mois ? Libération de prisonniers palestiniens par Israël ? Mais rien ne dit que de tels gestes, s’ils surviennent, permettront une relance du processus de paix plongé dans le coma depuis deux ans et demi.

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