Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti
« Ce qui se passe à Mansoura est un crime dans tous les sens du terme et une atteinte à la dignité de tous les Egyptiens », a déclaré Hamdin Sabbahi, le chef du Courant populaire. Le siège de la formation de gauche à Mansoura a été attaqué par la police à coup de grenades lacrymogènes et de fusil à pompe.
Cet endroit servait de dispensaire pour soigner les manifestants blessés. Mais les internautes horrifiés ont aussi pu voir les images d’un manifestant renversé puis écrasé par un blindé de la police.
Les chaînes de télévision privées ont passé en boucle les images d’un manifestant à terre hurlant de douleur pendant qu’une quinzaine de policiers le bourraient de coups de pieds.
La violence à Mansoura a commencé il y a deux jours, après le remplacement du chef de la sécurité jugé « trop mou » à l’égard des manifestants anti-Morsi et anti-Frères musulmans. Des violences qui viennent s’ajouter à la désobéissance civile larvée à Port-Saïd et dans plusieurs autres villes égyptiennes. Vendredi 1er mars, des manifestants avaient appelé l’armée à reprendre le pouvoir.
C'est dans ce climat délétère que John Kerry est arrivé en Egypte. Les événements à Mansoura et à Port-Saïd ne font qu’accroitre la colère de l’opposition contre une police qui « aurait reçu carte blanche du président Morsi ». Tenter de rapprocher pouvoir islamiste et opposition laïque dans ces conditions est une mission quasi impossible.
Le Front du Salut National est plus déterminé que jamais de boycotter les législatives fixées au 22 avril. Le seul fait que les Etats-Unis aient appelé « à une participation de tous » a déchaîné les médias mais aussi les réseaux sociaux contre « l’impérialisme américain allié aux Frères musulmans».
La visite du secrétaire d'Etat américain ne fait pas l'unanimité, puisque Hamdin Sabbahi a indiqué avoir refusé, avec les principaux membre du Front de salut national, son invitation au dialogue.