Israël: la polémique enfle après la mort mystérieuse d'un prisonnier australien

Le suicide d'un Australien soupçonné d'avoir travaillé pour le Mossad (les services secrets israéliens) fait polémique en Israël. L'affaire a été révélée il y a deux jours par une chaîne de télévision australienne. Et après avoir interdit aux médias locaux de relayer l'information, les autorités israéliennes ont finalement été obligées de reconnaître une partie des faits.

De notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul

Il existe trois façons d'empêcher la publication d'informations en Israël. Deux remontent au mandat britannique, donc bien avant la création même de l'Etat hébreu : la censure militaire et la commission des rédacteurs en chef. La troisième, plus contemporaine, consiste à demander au tribunal l'interdiction pure et simple d'une publication. Ce que l'on appelle en droit anglo-saxon le gag order. Mardi 12 février, ce sont les trois systèmes qui ont été combinés. Le but était d'empêcher de parler du fameux prisonnier X, Ben Zygier. Et c'est l'effet contraire qui a été obtenu.

Fuites sur internet

A l'heure actuelle, une quantité phénoménale d'informations circulent en effet sur la Toile israélienne à propos de cette affaire. Un Israélien sur deux est sur Facebook, un des plus hauts pourcentages au monde. Et au cours des dernières 48 heures, on a assisté à un véritable festival sur les réseaux sociaux : tout ce que vous voulez savoir sur Ben Zygier, ce ressortissant binational israélo-australien apparemment agent du Mossad, le service secret israélien.

Et même maintenant, alors que la presse israélienne s'est lancée à fond dans cette affaire, les Israéliens semblent préférer se tourner vers internet pour débattre. Il y a même un jeu qui circule : tenter de reconnaître Zygier sur les photos des agents du Mossad responsables du meurtre d'un responsable du Hamas à Dubaï en janvier 2010.

Débat sur la censure

On assiste donc à un véritable débat public en Israël dans les médias et sur internet. On parle de l'amateurisme dont ont fait preuve les dirigeants israéliens qui ont voulu limiter les dégâts dans cette affaire et qui, en fait, les ont maximiser. Une partie de ce débat se déroule sur internet. Tout comme d'ailleurs la campagne électorale qui vient de s'achever.

Et la conclusion est claire : c'est la fin du secret d'Etat et de la notion généralement acceptée en Israël de la priorité absolue pour ce qui touche de près ou de loin à la sécurité. Dans un pays où une grande partie de la population fait un service militaire et des périodes annuelles de réserve, la censure telle qu'elle pratiquée est décidément obsolète.

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