Syrie : à Damas, Lakhdar Brahimi peine à trouver un plan de paix

Alors que les violences se poursuivent, avec une soixantaine de personnes tuées dans un bombardement dans la province de Hama dimanche, et la prise d’un village alaouite par des jihadistes dans le centre du pays ce lundi 24 décembre, l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe Lakhdar Brahimi a rencontré Bachar el-Assad à Damas. Une rencontre qui ne semble accoucher d'aucune réelle sortie de crise.

Pour sa troisième visite à Damas depuis sa prise de fonction en septembre dernier, l'émissaire international Lakhdar Brahimi a peu de chances de repartir avec un accord de paix entre les parties.

Lors de sa précédente visite en octobre dernier, il avait tenté de mettre en place un cessez-le-feu pour la fête musulmane de l’Aïd el-Adha. La trêve n’avait duré que quelques heures.

Dernière tentative

Cette fois, il a déclaré que la situation était « difficile », mais il a néanmoins tenté d'arracher un accord de sortie de crise. Sans succès. Lakhdar Brahimi s'est entretenu ce lundi 24 décembre avec le président Bachar el-Assad, dont les forces ont perdu de grandes portions du territoire syrien au cours des derniers mois, notamment dans le nord-ouest du pays.

« Nous avons échangé nos vues sur les nombreuses étapes à entreprendre pour l'avenir », a-t-il déclaré à la presse. Il a fait part au président syrien de ses entretiens avec les dirigeants de pays de la région et d'autres pays. Mais les positions des uns et des autres sont toujours aussi opposées et de moins en moins conciliables.

Comme le souligne la politologue Agnès Levallois, spécialiste du Moyen-Orient, « la médiation menée par Lakhdar Brahimi n’arrive pas à enclencher une quelconque dynamique diplomatique qui permettrait de voir une possibilité d’amorce de dialogue entre le gouvernement de Bachar el-Assad et l’opposition d’une façon générale ».

Positions trop divergentes

D’un côté, les Américains, les Occidentaux et plusieurs pays de la région appellent ouvertement au départ du président Assad. Et de l'autre, Moscou reste un soutien indéfectible de Damas, et ne veut rien entreprendre contre son allié.

Sur le terrain, les différents groupes de l'opposition ne veulent pas entendre parler de négociation avec un gouvernement qui a franchi toutes les lignes rouges depuis longtemps. « Chacune des deux parties ne veut pas que l’autre gagne », fait remarquer Agnès Levallois. « On est véritablement dans une impasse aujourd’hui car ce sont simplement les armes qui parlent. »

Après plus de 21 mois d'un conflit qui s'est peu à peu transformé en guerre civile meurtrière avec plus de 40 000 morts et des milliers de disparus, les chances d'un énième plan de sortie de crise sont déjà compromises.

La menace des armes chimiques

Depuis plusieurs semaines, la communauté internationale a mis en garde la Syrie contre toute utilisation d’armes chimiques - ce pays possèderait l’un des stocks les plus importants du Moyen-Orient, qui daterait des années 1970.

« Ce serait un suicide politique », a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov lors d’un entretien ce lundi à la chaine anglophone Russia Today. L’allié russe de Damas doute sérieusement d’un tel recours par les forces de Bachar el-Assad.

De leur côté, les opposants à Homs affirment que les autorités syriennes ont utilisé pour la première fois ce dimanche des gaz très toxiques, provoquant des crises d’épilepsie et des évanouissements. Des informations difficiles à vérifier.

Selon Agnès Levallois, « si le gouvernement utilisait des armes chimiques, ce serait le seul moyen de faire bouger la position russe, mais le gouvernement de Bachar el-Assad ne prendra pas ce risque en sachant que ce serait la fin du soutien de Moscou. »


 • Pour lire l'intégralité de l'interview de la politologue Agnès Levallois, cliquer ici

Partager :