Avec nos envoyés spéciaux au Caire,
Sur la place Tahrir, Ahmad Khalifa, un viel homme affaibli, crie son désarroi. Il y a quelques jours, son fils a été tué dans les affrontements. Son seul tort : avoir dit « non » à la Constitution.
Aujourd’hui, même si la contestation s’est essoufflée, il dit vouloir continuer le combat de son enfant : « Mon cœur est meurtri, la plaie est encore ouverte, je souffre énormément, rien ne pourra réparer cela. Je veux que ceux qui ont tué mon fils paient pour leur crime. Je leur ferai payer quoi qu’il m’en coûte. »
Au côté d’Ahmad Khalifa, la jeune Israa Cherif acquiesce tous ces propos. Son père à elle a également été tué durant les manifestations. Pour Israa, les responsables sont les Frères musulmans.
« Nous voulons retrouver la stabilité, mais pas avec les Frères musulmans, tranche-t-elle. Leur mouvement a été interdit durant 70 ans, ils ont passé toute leur vie en prison, et aujourd’hui ils sont au pouvoir. Le 25 janvier prochain, j’espère qu’on célébrera les deux ans de la révolution par une nouvelle révolution. »
Sur la place Tahrir, chacun panse ses plaies comme il le peut. Mais une chose est sûre : les deux années de contestation et de manifestations quasi quotidiennes ont véritablement épuisé la société égyptienne.