Avec notre correspondant et notre envoyé spécial au Caire
Tout d'abord, le taux de participation resterait inchangé par rapport à la première phase, à 8 millions et demi d’électeurs, soit 32%. Les chiffres donnent le « oui » vainqueur à 71%. Par contre, quand on fait l’addition des deux tours, on se retrouve avec 64% -le taux d'approbation n'ayant été, lors du premier tour, que de 57%.
Ces résultats correspondent à toutes les lenteurs observées et dénoncées lors du scrutin du samedi 22 décembre mais aussi de la semaine précédente, où en fait, beaucoup d’électeurs n’avaient pas réussi à voter. Satisfaits ou indignés du déroulement du scrutin, les citoyens témoignent de ce qu'ils ont vu et entendu :
Les islamistes espéraient une sorte de raz-de-marée. Ils avaient annoncé que le « oui » l'emporterait à 80%. Or, le résultat, s’il est confirmé, se rapproche davantage des 64%. Un score décevant, puisqu'il n'atteint pas le seuil de 66%, des deux tiers des votants.
La victoire qui se profile pour les islamistes n’est donc pas aussi impressionnante que ce qu’ils espéraient et cela ne sera pas suffisant pour apaiser la colère de l’opposition.
Les divisions vont perdurer
Pour les opposants, ce résultat prouve leur existence, et que, malgré la fraude massive pointée du doigt, l'opposition a tout de même réussi à obtenir un résultat honorable de 36%, résultat qui, selon eux, aurait d'ailleurs dû être inversé.
La Commission électorale validera définitivement les résultats de ce scrutin ce lundi 24 décembre. La nouvelle Constitution devrait entrer en vigueur dans la foulée. Après cela, le président égyptien devrait déclencher des élections législatives au plus tard dans les deux mois.
L’adoption de la Constitution ne sera pas un facteur de stabilité comme l’avaient annoncé le président Morsi et les Frères musulmans. Au contraire, elle peut creuser le fossé entre deux conceptions diamétralement opposées de l’Egypte.
De la République laïque à la loi islamique?
En effet, si les 40% d’Egyptiens qui refusent la Constitution se révoltent et décident de contester les résultats, des déstabilisations sont à redouter, risquant de déboucher sur des violences plus graves. Pourtant, le sentiment dans la rue égyptienne laisse transparaître l’impression d’une fatigue généralisée de cette instabilité permanente.
Le peuple veut avant tout un retour au calme, promis par Mohamed Morsi. Donc, si rien ne se passe, l’Egypte risque de perdre ce qui lui reste de son caractère laïc pour devenir une République régie par la loi islamique.