Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti
Pour le Front du Salut national, le premier sujet de préoccupation concerne la supervision du scrutin. Les juges assis et les procureurs boycottent le scrutin dont la supervision sera dominée par les avocats du contentieux de l’Etat, rattachés au corps de la magistrature mais qui sont considérés comme proches du pouvoir exécutif.
Autre cause de préoccupation, les observateurs. Le Conseil national des droits de l’homme chargé de délivrer les permis pour les ONG est dirigé par Hossam el-Ghéryani, le président de l’Assemblée constituante et grand défenseur du «oui».
Une bonne partie des permis accordés par le conseil sont allés à des ONG islamiques créées il y a quelques mois à peine. L’Organisation égyptienne des droits de l’homme, doyenne des ONG d’observation des élections, n’a pas reçu de permis, tout comme de nombreuses institutions similaires.
Le déficit d’observateurs indépendants frappe aussi les institutions internationales. L’Organisation américaine Carter Center, qui avait observé les législatives et les présidentielles, ne sera pas au rendez-vous. Elle a reçu ses permis trop tard.
Reportage dans un bureau de vote du Caire
Avec notre envoyé spécial
Deux longues files d’attente sont à l’entrée du bureau de vote, situé en plein centre du Caire. Des hommes et des femmes de tous âges doivent passer à un point de contrôle, effectué par des policiers et des militaires. Le dispositif de sécurité est très important, car le scrutin est placé sous haute surveillance, par crainte des violences qui pourraient éclater entre partisans et adversaires du président Morsi.
Pour l’heure, le scrutin semble se dérouler normalement. Pas de tensions, les militaires ont pour consigne d’écarter les militants qui tenteraient de distribuer des tracts ou d’influencer les électeurs. Des électeurs qui, une fois dans le bureau de vote, ont devant eux un bulletin avec deux cercles à cocher. Un cercle bleu pour le « oui », un cercle marron pour le « non » à la Constitution.
Un référendum dont le vote s’effectue en deux temps
Le Caire, Alexandrie et huit autres gouvernorats votent ce samedi 15 décembre. Samedi prochain, ce sera le reste du pays. L’explication réside dans le fait qu’un grand nombre de juges égyptiens ont décidé de boycotter la supervision du scrutin. Or, en Egypte, ce sont les magistrats qui ont la charge de surveiller le scrutin.
Quatre juges doivent être présents dans un bureau de vote. Faute de quoi, les votes exprimés dans ce bureau seraient considérés comme non valables.
Ce vote, en deux temps, pose un problème évident. Que faire des résultats de ce samedi ? Les rendre publics dès cette nuit serait influencer, bien sûr, le vote de électeurs qui s’exprimeront samedi prochain. Les garder secrets durant une semaine, ce serait ouvrir la porte aux accusations de fraude électorale.