Avec notre envoyé spécial au Caire, Daniel Vallot
Voter « non » ou boycotter, l’opposition a longtemps hésité avant d’appeler ses partisans à participer au référendum. Said, 56 ans, ira donc voter, aussi tôt que possible, pour rejeter une Constitution qu’il estime foncièrement dangereuse.
« L’Egypte, dit-il, ne va jamais avancer avec une telle Constitution. Mais cela ne pose pas de problème aux Frères musulmans. Car leur objectif, c’est de rester au pouvoir. Ça m’inquiète vraiment. J’étais optimiste après la révolution mais là, maintenant, je suis très pessimiste. »
La plupart des anti-Morsi pensent que le vote est joué d’avance, que le « oui » gagnera forcément, puisque les islamistes ont remporté tous les scrutins depuis la chute de Moubarak. Certains, comme Islam, 24 ans, croient cependant qu’une victoire du « non » reste possible.
« Ça va être une journée très difficile, confie-t-il, j’espère que tout le monde va dire "non". Ils peuvent falsifier les résultats, mais j’espère quand même que le "non" gagnera. Si la Constitution est adoptée, il va y avoir beaucoup de problèmes. On est déjà au bord du chaos. Et si le "oui" gagne, les conséquences seront terribles pour le pays. »
Pour les anti-Morsi, ce référendum n’a aucune chance de mettre fin à la crise. Quelle que soit l’issue du vote, l’Egypte restera profondément divisée après trois semaines de crise, et des violences qui ont fait plus de huit morts et des centaines de blessés.