Avec notre correspondant à Washington, Raphaël Reynes
L’interview intégrale de Barack Obama ne sera diffusée qu’en fin de semaine sur ABC. Mais la Maison Blanche tenait apparemment à ce que ce passage sur la Syrie soit rendu public immédiatement :
« Nous avons décidé que la Coalition de l’opposition syrienne rassemblant désormais suffisamment de groupes, reflétait et représentait suffisamment la population syrienne pour que nous la considérions comme la représentante légitime du peuple syrien, en opposition au régime d’Assad. Nous allons les reconnaître officiellement et, bien entendu, avec cette reconnaissance viendront des responsabilités pour cette coalition ».
Tous les opposants à Bachar al-Assad n’en deviennent pas pour autant fréquentables, estime Washington. Mardi, les Etats-Unis ont annoncé qu’ils plaçaient le Front al-Nosra sur leur liste noire des organisations terroristes. Deux des chefs du mouvement islamiste considérés par Washington comme proche d’al-Qaïda, sont visés par des sanctions.
Au mot près
La déclaration de Barack Obama ne va pas satisfaire pleinement l’opposition syrienne. En effet, cette dernière est venue chercher, cette fois-ci, une reconnaissance franche et pas seulement un effet d’annonce. Elle veut être reconnue comme le seul représentant légitime du peuple syrien.
Ce langage diplomatique a son importance : un mot en plus ou un mot en moins font toute la différence. Pour le moment, peu de pays ont franchi ce pas. A leur tête bien sûr, la France a été la première à reconnaître la Coalition de l’opposition comme seul représentant légitime du peuple syrien. Elle a été suivie par le Royaume-Uni, l’Italie et la Turquie. La Coalition de l’opposition compte mettre à profit la journée à Marrakech pour arracher cette reconnaissance à la centaine de pays participant à la conférence des Amis du peuple syrien.
Du concret
Les membres de la Coalition veulent que la conférence, la quatrième conférence organisée cette année aboutisse à du concret. Ils ne veulent pas d'un Tunis bis ou un Istanbul bis, ou encore un Paris bis, en référence aux endroits où se sont tenues les trois dernières conférences et qui n’ont pas abouti à grand-chose.
Certes, ils reconnaissent qu’à l’époque, on pouvait leur reprocher beaucoup de choses, notamment leur désorganisation et leurs divisions. Mais depuis le mois de novembre dernier, l’opposition s’est organisée en Coalition lors de la réunion de Doha au Qatar.
Aujourd’hui, la communauté internationale a un interlocuteur unique en face d’elle. Il n’y a plus de temps à perdre. L’opposition exige désormais de l’action et à travers action, comprendre une aide financière pour pouvoir établir un gouvernement de transition qui puisse gérer ce qu’ils qualifient de « territoire libéré syrien » en attendant la chute du régime.