Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti
Le décret-loi du président Morsi donne le pouvoir de saisie judiciaire aux officiers et sous-officiers de l’armée à partir de ce lundi 10 décembre et jusqu’à la fin du référendum sur le projet de constitution.
Durant cette période, les militaires auront donc les mêmes prérogatives que la police en ce qui concerne l’arrestation, la fouille et le contrôle des civils. Une mesure officiellement destinée à venir en aide à une police qui a semblé dépassée par les manifestations et les violences la semaine dernière.
Un décret qui provoque la préoccupation des forces et courants non-islamistes. Le candidat à la présidentielle Mohamed Morsi avait critiqué un décret similaire, adopté en mai, par le Conseil supérieur des forces armées (CSFA) avant le premier tour de l’élection présidentielle. Il avait exprimé son inquiétude de voir les militaires abuser de ces prérogatives. Il avait ajouté que de tels pouvoirs « pourraient faire planer les soupçons sur les résultats de l’élection ». Mais le Mohamed Morsi au pouvoir aujourd’hui voit visiblement les choses différemment.
Le Front appelle à une série d’actions contre ce qu’il considère un diktat
Pour le Front du salut national, il n’est même pas question de boycotter le référendum sur le projet de Constitution car ce serait lui donner une certaine légitimité. Un projet qui selon le Front porte atteinte aux droits sociaux et politiques basiques et pave la voie à la dictature.
Autre raison du rejet, ce que le Front appelle «la montée de la violence et du terrorisme exercé par les milices islamistes» contre des institutions vitales comme la justice et les médias. La cité des médias qui regroupe toutes les télés privées est assiégée depuis trois jours par des milliers d’islamistes qui filtrent les entrées et les sorties.
Le Front souligne que le ministère de l’Intérieur est lui-même soumis aux pressions des islamistes qui exigent qu’il réprime violement les manifestations de l’opposition. Le Front appelle aussi le peuple, pressuré par de nouvelles taxes et augmentations des prix, à rejoindre la grande manifestation prévue mardi. Un mardi qui pourrait sombrer dans la violence si les islamistes mettent à exécution leur menace d’organiser des contre-manifestations.
A. B.
Refuser le scrutin plutôt que de participer à ce qui serait une farce électorale, aux yeux des anti-Morsi la position adoptée par les principaux partis d’opposition ce dimanche soir est partagée par la plupart des manifestants qui se sont regroupés aux abords du Palais présidentiel. Ecoutez le reportage de notre envoyé spécial Daniel Vallot.